L'Éthiopie "refuse de reconnaître la Somalie comme un pays souverain", accuse le président somalien Hassan Cheikh Mohamoud. Les relations entre les deux voisins sont tendues depuis la signature par Addis Abeba d'un protocole d'accord avec la région séparatiste du Somaliland.
Hassan Cheikh Mohamoud, président du Parti pour la paix et le développement, le 16 août 2012.
Ce protocole d'accord, signé le 1er janvier, prévoit la location pour 50 ans à l'Éthiopie, pays enclavé, de 20 km de côtes du Somaliland sur le golfe d'Aden. Mogadiscio dénonce un accord "illégal". Les autorités séparatistes affirment qu'en échange de cet accès à la mer, l'Éthiopie va devenir le premier pays à les reconnaître officiellement, ce qu'aucun autre n'a fait depuis que le petit territoire de 4,5 millions d'habitants a unilatéralement proclamé son indépendance de la Somalie en 1991.
L’Éthiopie a violé le droit international hier et refuse toujours aujourd’hui de se conformer aux lois internationales pour que des négociations puissent avoir lieu.
Hassan Cheikh Mohamoud, président somalien
"L'Éthiopie refuse de reconnaître la Somalie comme un pays voisin souverain", affirme lors d'une adresse à la nation le président somalien Hassan Cheikh Mohamoud. Tant que l'Éthiopie ne "reconnaîtra pas la souveraineté de la Somalie, nous ne pourrons pas parler (d'accès à la mer) ni d'autre chose", poursuit-il. "L’Éthiopie a violé le droit international hier et refuse toujours aujourd’hui de se conformer aux lois internationales pour que des négociations puissent avoir lieu", affirme également Hassan Cheikh Mohamoud.
Berbera, dans le nord du Somaliland, est au coeur de l'accord signé entre l'Éthiopie et la région séparatiste.
Des pourparlers indirects entre la Somalie et l'Éthiopie ont lieu par l'entremise de la Turquie à Ankara. Selon Hakan Fidan, ministre turc des Affaires étrangères, les deux pays ont accompli un "progrès notable" lors du deuxième tour des pourparlers le 13 août. Une troisième séance de pourparlers est prévue le 17 septembre à Ankara.
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Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a évoqué à plusieurs reprises la volonté de son pays d'avoir un accès à la mer. Deuxième pays le plus peuplé d'Afrique (120 millions d'habitants), l'Éthiopie est en quête d'un accès à la mer Rouge, qu'elle a progressivement perdu après l'indépendance en 1993 de l'Erythrée - qu'elle avait annexée dans les années 1950.
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À la suite de la signature de l'accord entre le Somaliland et l'Éthiopie, de nombreux pays et organisations internationales (Etats-Unis, Chine, Union européenne, Union africaine, Ligue arabe en tête) ont appelé au respect de la souveraineté somalienne.
Région relativement stable par comparaison au reste de la Somalie qui est en proie au chaos depuis trois décennies, la république autoproclamée du Somaliland dispose de ses propres institutions, imprime sa monnaie et délivre des passeports, mais l'absence de reconnaissance internationale la maintient dans un certain isolement. Elle reste pauvre malgré sa situation stratégique sur la rive méridionale du golfe d'Aden, sur l'une des routes commerciales les plus fréquentées au monde, à l'entrée du détroit de Bab-el-Mandeb menant à la mer Rouge et au canal de Suez