Le procès de l'ex-président Mohamed Ould Abdel Aziz, accusé d'abus de pouvoir, s'ouvre en Mauritanie

En Mauritanie, le procès de Mohamed Ould Abdel Aziz s'est ouvert ce mercredi 25 janvier devant un tribunal de Nouakchott. Il est accusé d'avoir abusé de ses plus de dix ans au pouvoir pour amasser une fortune immense.
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Mohamed Ould Abdel Aziz
Mohamed Ould Abdel Aziz, lorsqu'il était encore président de la Mauritanie, en juillet 2018. AP/ Ludovic Marin. 
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Mohamed Ould Abdel Aziz, qui a dirigé la Mauritanie de 2008 à 2019, comparaît au côté d'une dizaine de hautes personnalités, dont deux anciens chefs de gouvernement, d'ex-ministres et des hommes d'affaires.

Ils ont été placés en détention mardi 24 janvier en vue de ce procès historique. Ils répondent d'"enrichissement illicite", "abus de fonctions", "trafic d'influence" ou "blanchiment".

Le procès a commencé par un appel des accusés et à l'évocation de son nom, l'ex-président, en boubou bleu, s'est levé et a fait un signe de la main. Selon l'AFP, les prévenus sont dans un box aux allures de cage métallique dans un tribunal encerclé par des centaines de policiers, dont l'accès est filtré. Les avocats sont passés au peigne fin avec un détecteur.
 

Procès inédit

C'est un évènement inédit dans ce pays charnière entre le Maghreb et l'Afrique subsaharienne. Il a été secoué par les coups d'État et les agissements djihadistes, mais  est revenu à la stabilité sous Mohamed Ould Abdel Aziz quand le trouble gagnait dans la région.

Mohamed Ould Abdel Aziz, 66 ans, est l'un des rares ex-chefs d'État à devoir rendre compte sur la façon dont il s'est enrichi au pouvoir. Ses pairs jugés par les justices nationale ou internationale le sont surtout pour des crimes de sang. 

Plusieurs Mauritaniens interrogés par l'AFP espèrent au moins que le procès aura valeur d'exemple dans un pays classé 140e sur 180 par l'organisation anticorruption Transparency International.

L'ex-président n'a cessé de nier les faits depuis que l'étau a commencé à se resserrer sur lui en 2019. C'était quelques mois après qu'il avait cédé la place à l'issue d'élections à l'un de ses plus fidèles compagnons, son ancien chef d'état-major Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani. Il s'agissait de la première transition non imposée par la force dans un pays abonné aux coups d'État depuis l'indépendance.
 

(Re)voir : Mauritanie : Mohamed Ould Abdel Aziz empêché de quitter le pays ?

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Une fortune en dizaine de millions d'euros

Mohamed Ould Abdel Aziz a lui-même été porté au pouvoir par un putsch sans effusion de sang en 2008, puis élu président en 2009 et réélu en 2014.

Ce procès est l'histoire de sa disgrâce et de son amitié ruinée avec celui qu'il avait désigné comme son dauphin, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani. Les deux hommes, généraux, sont crédités d'être à l'origine de l'exception mauritanienne qui n'a plus connu d'attentat djihadiste depuis des années.

Mohamed Ould Abdel Aziz, qui voulait rester en politique après la présidence, crie au complot et a menacé de faire des révélations. Il a prouvé par le passé qu'il était combatif, calculateur et imprévisible. 

Il se présentera devant les juges pour "défendre (son) honneur" contre des "accusations extravagantes", a-t-il écrit dans une déclaration transmise par ses avocats peu avant son arrestation. Au-delà de son innocence, il a toujours revendiqué l'immunité dont il dit devoir bénéficier.

Lui et ses co-accusés sont soupçonnés de malversations diverses lors de la passation de marchés publics ou de la cession du domaine immobilier et foncier national.

L'ex-président, fils de commerçant, se serait constitué un patrimoine et un capital sommairement estimés à 67 millions d'euros au moment de son inculpation en mars 2021. Il ne s'est jamais expliqué sur la provenance de sa fortune. Les accusateurs de Mohamed Ould Abdel Aziz font valoir que les agissements incriminés ne pouvaient avoir eu lieu sans son approbation.

Son successeur s'est toujours défendu d'ingérence dans le dossier. En décembre 2019, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani décrivait encore Mohamed Ould Abdel Aziz comme "mon frère, mon ami".

Les parties s'attendent à des semaines ou des mois de procès.