Le roi des Belges, Philippe, exprime pour la première fois des "regrets" pour le passé colonial en RDC

Le roi Philippe a présenté ce mardi 30 juin - jour de l'indépendance de la RDC, pour la première fois dans l'histoire de la Belgique, "ses plus profonds regrets pour les blessures" infligées lors de la période coloniale belge en République démocratique du Congo.
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La statue de Léopold II à Bruxelles, aspergée de peinture rouge, couleur de sang, dans un parc de la ville ce 10 juin 2020.
 
AP/ Virginia Mayo
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 "Je tiens à exprimer mes plus profonds regrets pour ces blessures du passé dont la douleur est aujourd'hui ravivée par les discriminations encore présentes dans nos sociétés.". Dans cette lette adressé au président de la RDC, Félix Tshisekedi, à l'occasion des 60 ans de l'indépendance de ce pays, le roi Philippe devient le premier souverain belge régnant à exprimer ses regrets. Cette lettre vient d'être rendue publique sur le compte Twitter de l'ambassade de Belgique en RDC.
 

"A l'époque de l'État indépendant du Congo (quand ce territoire africain était la propriété de l'ex roi Léopold II, ndlr) des actes de violence et de cruauté ont été commis, qui pèsent encore sur notre mémoire collective", reconnaît le roi.
 

"Actes de violences et cruauté"


"La période coloniale qui a suivi (celle du Congo belge de 1908 à 1960) a également causé des souffrances et des humiliations", précise le roi dans sa lettre.


La mort de l'Afro-Américain George Floyd, asphyxié fin mai par un policier blanc à Minneapolis aux Etats-Unis, a en effet ravivé en Belgique le débat sur les violences de la période coloniale au Congo et sur la personnalité très controversée de Léopold II qui régna de 1865 à 1909.

De nombreuses statues représentant l'ancien souverain à la longue barbe ont été vandalisées, à Bruxelles et Anvers notamment, le plus souvent recouvertes de peinture rouge symbolisant le sang versé par les Congolais.

Retour sur la colonisation belge au Congo avec François Ryckmans, journaliste spécialiste de l'histoire contemporaine du Congo.
 

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Certaines universités et municipalités ont également décidé de retirer statues ou bustes, comme cela doit encore être le cas mardi dans un parc public à Gand.

Dans une pétition qui a recueilli plus de 80.000 signatures, le collectif de militants anticolonialistes "Réparons l'Histoire" a réclamé que "toutes les statues" en hommage à Léopold II soient retirées à Bruxelles, notamment la statue équestre la plus célèbre érigée face au palais royal.

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Une pétition demandant le retrait des statues de Léopold II
capture d'écran

Le texte de cette pétition, un des éléments déclencheurs de la mobilisation désormais relayée par des élus belges, accuse Léopold II d'avoir été "un bourreau" et d'avoir "tué plus de 10 millions de Congolais".

Via des sociétés concessionnaires, Léopold II a recouru au travail forcé pour extraire notamment le caoutchouc au Congo. Des exactions - jusqu'aux mains coupées pour les travailleurs insuffisamment productifs - ont été documentées.

Selon la plupart des historiens les violences n'ont pas cessé après 1908, et un régime de séparation stricte des Noirs et des Blancs, comparable à l'apartheid de l'Afrique du Sud, a été maintenu pendant des décennies.

 Le roi Philippe a affirmé son engagement à "combattre toutes les formes de racisme". "J'encourage la réflexion qui est entamée par notre parlement afin que notre mémoire soit définitivement pacifiée".

La Première ministre belge Sophie Wilmès invite également le pays à "entamer un parcours de vérité" sur son passé colonial.
 


"Tout travail de vérité et de mémoire passe d'abord par (le fait de) reconnaître la souffrance de l'autre", ajoute la dirigeante libérale francophone, en saluant le geste historique du roi Philippe.