Fil d'Ariane
L'idée remonte à 1983. 15 pays d'Afrique rêvent de faire monnaie commune : ceux de la CEDEAO, la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest. Ces derniers mois, le projet reprend de la vigueur. Le serpent de mer pourrait peut-être voir le jour dès l'an prochain.
Ces 15 pays de la CEDEAO se sont réunis fin juin 2019 à Abuja et ils ont choisi le nom de cette future devise : oublié "afri" ou "kola", comme proposé, ce sera finalement "eco".
Parmi ces 15 pays, huit utilisent déjà une monnaie commune, le franc CFA, en circulation pour 90 millions d'habitants. Ces nations sont réunies dans l'UEMOA, l'Union économique et monétaire ouest-africaine : le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo.
Le week-en dernier, à Abidjan, ces huit nations de l'UEMOA ont annoncé leur intention de se lancer en premier vers l'eco : dès l'année prochaine, en 2020. En théorie donc, elles devraient abandonner le franc CFA, cette monnaie souvent critiquée, accusée d'être une monnaie coloniale par ses détracteurs.
Pour savoir si un pays est prêt à adopter la nouvelle monnaie unique, des critères précis ont été établis.
Ces critères dits "de convergence" incluent un déficit inférieur à 3% du PIB, une dette publique en dessous de 70% du PIB et une inflation de moins de 10%.
Problème : aujourd'hui, aucun des 15 pays de la CEDEAO ne répond à tous les critères. Difficile donc d'imaginer que des billets ou des pièces en eco pourront circuler dès l'année prochaine.
Et même si les huit pays de l'UEMOA font un peu mieux que les autres, certains économistes sont sceptiques.
Pour Ndongo Samba Sylla, économiste à la Fondation Rosa Luxemburg à Dakar, "ces pays sont effectivement plus proches des critères de convergence que les sept autres, parce qu'ils sont déjà dans une zone monétaire."
Mais seront-ils prêts dès 2020 ? "On a des raisons d'en douter, analyse-t-il, parce que des pays comme la Guinée-Bissau et le Niger présentent des déficit publics. C'est-à-dire que sans l'aide étrangère, ces pays ne peuvent pas respecter les critères de convergence."