Législatives en Algérie : un scrutin sur fond de bras de fer

Les Algériens votent ce samedi pour les élections législatives anticipées. Les bureaux ont ouvert à 08H00 (07H00 GMT) et ferment à 19H00 (18H00 GMT). Les résultats officiels ne sont pas attendus avant dimanche. La participation, seul véritable enjeu du scrutin, semble avoir été faible. Dans deux département de Kabylie, elle a été quasiment nulle.
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Bureau de vote à Alger le samedi 12 juin 2021
Un bureau de vote dans la capitale algérienne, Alger, ce samedi 12 juin 2021 pour les élections législatives.
© REUTERS/Ramzi Boudina
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Moins de 10% à la mi-journée. Tel est le chiffre de la participation publié dans l'après-midi par l'autorité des élections. Ce taux était très attendu, car c'est le seul réel suspense de ces élections législatives. Aussi, après avoir voté, le président Tebboune a-t-il tenu à relativiser l'importance de cette donnée : "Pour moi, le taux de participation n'a pas d'importance. Ce qui m'importe, c'est que ceux pour lesquels le peuple votent aient une légitimité suffisante", a déclaré le président Abdelmadjid Tebboune, en se disant "optimiste" après avoir voté à Alger.

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Il s'agit des premières législatives depuis le soulèvement populaire inédit et pacifique, né le 22 février 2019 du rejet d'un 5e mandat du président Abdelaziz Bouteflika, poussé près de deux mois plus tard à la démission après 20 ans de règne.

En Kabylie, région frondeuse où la participation a été quasi nulle lors des précédentes consultations électorales, la grande majorité des centres de vote n'ont pas ouvert à Béjaïa et Tizi Ouzou, selon Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH).
Le taux de participation dans ces deux wilayas (départements) a été de moins de 1%.

► Analyse : quelle légitimité pour les députés qui seront élus en Kabylie ? 

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Trois personnalités interpellées jeudi - l'opposant Karim Tabbou, Ihsane El Kadi, directeur d'une radio proche de la contestation, et le journaliste indépendant Khaled Drareni- ont été relâchées dans la nuit de vendredi à samedi, a annoncé le Comité national pour la libération des détenus (CNLD). Leur arrestation à la veille du scrutin avait déclenché un tollé international.

A l'issue d'une campagne apathique, les partis progouvernementaux ont appelé à participer "en force" au scrutin, tandis que le Hirak, qui réclame en vain un changement radical du "système" de gouvernance en place depuis l'indépendance (1962), a dénoncé d'emblée une "mascarade électorale".

Mais le régime est déterminé à imposer sa "feuille de route" électoraliste, alors que le Hirak continue de porter ses revendications - Etat de droit, transition démocratique, souveraineté populaire, justice indépendante.

► Analyse : "un scrutin à la hussarde", par Slimane Zeghidour

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"Perpétuer le système"

Quelque 24 millions d'Algériens étaient appelés à élire les 407 députés de l'Assemblée populaire nationale pour un mandat de cinq ans. Ils devaient choisir parmi près de 1.500 listes, dont plus de la moitié s'affichant comme "indépendantes".

C'est la première fois qu'un nombre aussi élevé d'indépendants se présente face à des prétendants endossés par des partis largement discrédités et jugés responsables de la crise dans le pays.

Ces nouveaux venus, à l'affiliation floue, pourraient s'imposer comme une nouvelle force avec l'aval du pouvoir, qui a fait appel aux "jeunes" et encouragé leurs candidatures.

D'autant que l'opposition laïque et de gauche, en perte de vitesse, a choisi de boycotter le scrutin. 

Quant aux vainqueurs des précédentes législatives en 2017, le Front de libération nationale (FLN) et le Rassemblement national démocratique (RND), associés à l'ère d'Abdelaziz Bouteflika, ils sont aujourd'hui déconsidérés.

Il faut aussi compter avec la mouvance islamiste modérée qui a décidé de prendre part au scrutin. Abderrazak Makri, le président du Mouvement de la Société pour la Paix (MSP), proche des Frères musulmans, s'est dit "prêt à gouverner" en cas de victoire.

Certains analystes prédisent même une majorité relative pour ces partis islamistes modérés dans la nouvelle assemblée.

"Selon un scénario probable, les forces politiques issues de ce scrutin pourraient se regrouper et former une coalition dont l'objectif serait de perpétuer le système", estime le centre de réflexion International Crisis Group (ICG).

"Effrayante escalade"

A l'approche de l'échéance électorale, le chef d'état-major de l'armée, le général Saïd Chengriha, avait mis en garde contre "tout plan ou action visant à perturber le déroulement" du vote.

Considéré comme une façade civile de l'institution militaire, le gouvernement s'est efforcé ces derniers mois d'étouffer la contestation, interdisant les manifestations et multipliant les interpellations et les poursuites judiciaires visant opposants, militants, journalistes et avocats.

Estimant avoir déjà répondu aux demandes du Hirak, le pouvoir dénie depuis plusieurs mois toute légitimité à ce mouvement sans véritables leaders, qu'il accuse d'être instrumentalisé par des "parties étrangères".

Quelque 222 personnes sont actuellement incarcérées pour des faits en lien avec le Hirak et/ou les libertés individuelles, selon le Comité national pour la libération des détenus.

Aux yeux de Human Rights Watch, qui dénonce une "effrayante escalade répressive", "les vagues promesses d'ouverture et de dialogue du président (Abdelmadjid) Tebboune se fracassent contre la réalité de la répression".

► En France, la diaspora votait dès ce vendredi 11 juin.

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