Les avions français bannis du Niger

Le régime militaire au pouvoir au Niger a interdit son espace aérien aux avions français, un nouvel épisode dans la dégradation des relations entre Paris et Niamey depuis le coup d'État du 26 juillet.

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L'aéroport international Diori Hamani, Niamey, Niger.

L'aéroport international Diori Hamani, Niamey, Niger.

© Aéroport Diori Hamani
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L'espace aérien du Niger "est ouvert à tous les vols commerciaux nationaux et internationaux à l'exception des avions français ou des avions affrétés par la France, dont ceux de la flotte d'Air France", indique un message aux navigants aériens publié sur le site de l'Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (Asecna).

Communiqué du gouvernement provisoire du Niger.

Communiqué du gouvernement provisoire du Niger.

L'espace aérien reste fermé pour "tous les vols militaires opérationnels et vols spéciaux", sauf autorisation spéciale des autorités, poursuit ce message daté du 23 sepembre.

Interrogée par l'AFP, Air France a simplement indiqué qu'elle ne "survole pas l'espace aérien du Niger". L'entreprise française, principale compagnie aérienne reliant l'Europe et l'Afrique, a par ailleurs suspendu depuis le 7 août ses vols à destination de Niamey (4 vols par semaine), jusqu'à nouvel ordre.

Le 4 septembre, le Niger avait rouvert son espace aérien pour les vols commerciaux après près d'un mois de fermeture.

Le Niger avait annoncé le 6 août sa fermeture "face à la menace d'intervention qui se précise à partir des pays voisins", alors que la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) menaçait d'intervenir militairement pour rétablir le président élu Mohamed Bazoum, renversé par un coup d'État le 26 juillet.

Relations au plus bas

La France a affirmé plusieurs fois son soutien à la Cedeao et les relations entre Paris et Niamey sont au plus bas depuis le putsch.

Le régime militaire a notamment ordonné fin août l'expulsion de l'ambassadeur français à Niamey, Sylvain Itté, et lui a retiré son immunité et son visa diplomatiques. Ce 24 septembre, dans une interview télévisée, le président Emmanuel Macron a annoncé son retour "dans les prochaines heures". 

Retour de l'ambassadeur de France

Le 3 août, une semaine après leur prise de pouvoir, les généraux nigériens avaient dénoncé plusieurs accords de coopération militaire avec l'ex-puissance coloniale. L'un de ces textes contenait un préavis d'un mois, et le régime affirme que les quelque 1.500 soldats français déployés au Niger dans la lutte antidjihadiste sont présents "illégalement" dans le pays.

Dans cette même interview, Emmanuel Macron a déclaré qu'il mettait "fin à la coopération militaire avec le Niger", en indiquant que les 1500 militaires français partiraient "dans les semaines et les mois qui viennent" et que le retrait serait totalement achevé "d'ici la fin de l'année".

Depuis le coup d'État, la France répète qu'elle ne reconnaît pas la légitimité des militaires qui ont pris le pouvoir et que son interlocuteur reste le président élu Mohamed Bazoum, retenu prisonnier depuis le 26 juillet.

Ce dernier a saisi cette semaine la justice ouest-africaine pour obtenir sa libération et le rétablissement de l'ordre constitutionnel au Niger.

Assemblée générale de l'ONU

Le régime militaire s'en est également pris le 22 sepembre au secrétaire général de l'Onu, Antonio Guterres, l'accusant d'avoir fait "obstacle" à la participation de leur représentant à l'Assemblée générale des Nations unies.

Selon une source diplomatique, l'ONU a, dans le cas du Niger, reçu deux demandes différentes pour s'exprimer à l'Assemblée générale, l'une pour le ministre des Affaires étrangères nommé par le régime militaire, Bakary Yaou Sangaré, et l'autre venant du gouvernement renversé.

"En cas de lettres de créances concurrentes de la part d'un État membre, le secrétaire général transmet la question à la commission de vérification des pouvoirs de l'Assemblée générale qui délibère sur la question. Le secrétaire général ne décide pas", a répondu le porte-parole d'Antonio Guterres, Stéphane Dujarric à l'AFP.

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