« Je n'arrive pas à comprendre pourquoi l'armée a fait ça. Ce sont des actes barbares. Même sous Moubarak, les femmes n'ont jamais été humiliées de la sorte », confie l'Egyptienne de 32 ans Shahinaz Abdel Salam qui, résidant à Paris,
tient un blog politique influent en arabe depuis 2005. Le 9 mars dernier, 18 femmes ont été arrêtées par des militaires qui, suite à une manifestation, évacuaient avec violence la place Tahrir du Caire. Selon des
témoignages recueillis par l'ONG Amnesty International, elles ont d'abord été conduites dans une annexe du musée de la capitale, où elles auraient été menottées, frappées avec des bâtons et des tuyaux, soumises à des décharges électriques dans la poitrine et les jambes, et traitées de « prostituées ».
SOUMISES À DES TESTS DE VIRGINITÉ L'une d'entre elles, la journaliste Rasha Azeb, a été libérée au bout de quelques heures mais les 17 autres ont été transférées à la prison militaire de Heikstep. Et c’est là, après avoir été forcées à se déshabiller, qu’elle ont été photographiées, nues, et soumises à des tests de virginité pratiqués par « un homme vêtu de blanc », a raconté l’une des victimes âgée de 20 ans, Salwa Hosseini. « Elles ont été menacées d'être inculpées de prostitution si elles n'étaient pas déclarées vierges », précise Amnesty International qui rappelle dans son communiqué que « les tests de virginité constituent une forme de torture lorsqu’ils sont pratiqués de force ou sous contrainte ». Les 17 femmes ont toutes été présentées devant un tribunal militaire le 11 mars et remises en liberté le 13 mars. Plusieurs d’entre elles ont été condamnées à un an de prison avec sursis. « Comme tout le monde, je trouve ça très choquant, réagit Shahinaz Abdel Salam. Je connais une des ces femmes qui a été torturée. À sa sortie, elle ne parlait plus…. »