
Fil d'Ariane
Les États-Unis ont déclaré la révocation des visas accordés aux ressortissants du Soudan du Sud, samedi 5 avril. Il s’agit d’une décision inédite de la part de l’administration Trump, contre un pays étranger.
Des personnes se rassemblent pour recueillir de l'eau à Khartoum, Soudan, dimanche 28 mai 2023. L'armée soudanaise et une force paramilitaire rivale, qui se disputent le contrôle du Soudan depuis la mi-avril, ont accepté la semaine dernière la trêve d'une semaine négociée par les États-Unis et les Saoudiens. Toutefois, le cessez-le-feu, comme d'autres avant lui, n'a pas mis fin aux combats dans la capitale, Khartoum, et ailleurs dans le pays.
Les États-Unis ont annoncé, samedi 5 avril, la révocation de tous les visas accordés aux ressortissants du Soudan du Sud, une décision inédite contre un pays étranger de la part de l'administration Trump.
Le secrétaire d'État Marco Rubio, qui a annoncé cette décision dans un communiqué, a accusé le pays africain de ne pas reprendre ses citoyens visés par une mesure d'expulsion, une problématique qui rappelle la récente polémique entre la France et l'Algérie.
"Avec effet immédiat, le département d'État des États-Unis révoque tous les visas détenus par les porteurs de passeports du Soudan du Sud", a annoncé M. Rubio.
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Il s'agit de la première mesure de ce type prise contre l'ensemble des citoyens d'un pays du monde depuis le retour au pouvoir le 20 janvier du président Donald Trump, qui a engagé une politique radicale de lutte contre l'immigration.
"Il est temps que le gouvernement de transition du Soudan du Sud cesse de tirer profit des États-Unis", a accusé le chef de la diplomatie américaine.
"Tout pays doit accepter de reprendre promptement ses citoyens lorsqu'un autre pays, y compris les États-Unis, veut les expulser."
Le communiqué précise qu'en plus de la révocation des visas existants, Washington va cesser de remettre des nouveaux visas aux ressortissants du pays de 11 millions d'habitants.
"Nous nous tenons prêts à revoir cette politique lorsque le Soudan du Sud sera pleinement coopératif", a assuré M. Rubio.
Lors de son précédent mandat, M. Trump avait signé en 2017 un décret interdisant l'entrée sur le sol américain aux ressortissants de plusieurs pays majoritairement musulmans.
La Libye, le Soudan, la Syrie, l'Irak, l'Iran, le Yémen et la Somalie avaient été visés.
Le Soudan du Sud, pays à majorité chrétienne, avait à l'époque échappé à cette mesure.
La décision de Washington frappe un des pays les plus pauvres de la planète. En 2022 (statistique publiée en 2024), le Soudan du Sud se classait avant-dernier dans l'indice mondial du développement humain publié par les Nations unies, juste avant la Somalie.
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Elle survient alors que le pays risque de replonger dans la guerre civile, a averti le mois dernier un haut responsable de l'ONU.
Le Soudan du Sud - pays né en juillet 2011, sous les auspices des États-Unis, de la partition du Soudan - a traversé une guerre civile qui a fait près de 400.000 morts et 4 millions de déplacés entre 2013 et 2018, lorsqu'un accord de paix a été signé.
Dans ce contexte, les Soudanais du Sud bénéficiaient jusqu'à présent d'un statut protégé octroyé à titre temporaire (TPS) sur le sol américain.
Cette disposition, accordée par l'administration Biden, expire le mois prochain. Elle empêche d'expulser les ressortissants de pays qui ne peuvent pas rentrer chez eux pour cause de guerre ou de catastrophe naturelle ou autres circonstances "extraordinaires".
En 2023, l'administration Biden avait indiqué que 133 Soudanais du Sud bénéficiaient de ce statut, 140 autres étant éligibles à ce statut.
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L'administration Trump a commencé à revenir sur le statut TPS, qui a été retiré en janvier à plus de 600.000 Vénézuéliens.
La justice vient de bloquer cette décision au motif que l'exécutif l'a justifiée en affirmant que la majorité des Vénézuéliens présents aux Etats-Unis seraient des criminels.
D'après l'institut Pew Research Center, 1,2 million de personnes bénéficiaient en mars 2024 du statut TPS ou pouvaient y prétendre.