La mobilisation de "gilets jaunes" en France est très suivie par les médias et sur les réseaux sociaux au Maghreb et ailleurs en Afrique. Le mouvement suscite l'étonnement et provoque quelques railleries.
"Il s’agit d’un mouvement qui exprime un ras- le- bol" analyse l'ancien président du syndicat tunisien des agriculteurs, Leith Ben Becher.
Cité par le magazine
L'Economiste maghrébin, basé à Tunis, il estime que "
cette contestation inédite d’un mouvement sans leader ni structuration face à un président et une majorité politique qui se présentaient comme novateurs et dépassant les clivages classiques gauche/droite, représente une sorte de rupture épistémologique dans les rapports entre pouvoir et contre pouvoir."Le même journal rappelle que l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron, en 2017, était le résultat d'un éclatement des partis politiques traditionnels et d'un virage à droite de l'ensemble de la classe politique française. Pour Kerim Bouzouita, docteur en anthropologie, "
depuis que la gauche mène des politiques de droite, le clivage gauche-droite s’est dilué. Du coup, il n’y a plus de forces politiques qui se mobilisent pour des politiques de 'justice sociale'." En France, "on n'est jamais content".
Au Maroc, l'écrivain Tahar Ben Jelloun prend la plume sur le site "le360.ma". Pour lui,
"Macron, en bon libéral, a fait le choix d’une économie qui privilégie les riches" et les casseurs
"profitent de leur oisiveté pour casser, incendier, piller et créer le chaos parce que ni la France ni leurs parents n’ont réussi à les éduquer. L’anarchisme est une vieille tradition dans ce pays. On n’est jamais content".
Les violences de casseurs en France font par ailleurs ressurgir un douloureux souvenir aux internautes tunisiens. En 2011, en plein soulèvement populaire contre le président Zine El-Abidine Ben Ali, la ministre française des Affaires étrangères de l'époque, Michèle Alliot-Marie, avait proposé l'aide et
"le savoir-faire reconnu dans le monde entier des forces de l'ordre françaises". Cette déclaration de soutien à l'ancien dictateur avait suscité l'ire des manifestants.
La revanche d'internautes tunisiens
Presque 8 ans plus tard, certains se délèctent des difficultés rencontrées samedi 1er décembre par la police française face aux "gilets jaunes" en colère. Comme le souligne le magazine
Le Point, des internautes suggèrent au gouvernement tunisien de proposer "
le savoir-faire mondialement connu dans le monde arabe des forces de l'ordre tunisiennes" aux dirigeants français,
"savoir-faire reconnu durant plusieurs décennies de dictature".
Le mouvement social en France suscite aussi son lot de fausses nouvelles même à l'étranger. Au Sénégal, par exemple, une vidéo montrant un Emmanuel Macron annoncant sa démission a été partagée des milliers de fois sur Facebook. Cette vidéo, titrée "
Macron renonce au pouvoir sous la pression populaire", est en réalité un trucage réalisé pour une vidéo humoristique. La publication originale précisait clairement son caractère parodique mais ces indications ont été supprimées de la publication faite au Sénégal.