Lesotho : le millionnaire Sam Matekane remporte les législatives

Candidat surprise, le millionnaire Sam Matekane, 64 ans, qui a fait fortune dans les mines de diamants, obtient le plus grand nombre de sièges au Parlement du Lesotho. Il devrait devenir Premier ministre de cette monarchie constitutionelle et former un nouveau gouvernement de coalition.
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Sam Matekane avec sa femme, Makata Matekane.
Sam Matekane avec sa femme, Makata Matekane. (photo twitter)
© D.R.
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Le mouvement de Sam Matekane, Révolution pour la prospérité, créé tout juste six mois avant le scrutin du 7 octobre, a remporté 56 sièges sur 120 au total, selon les résultats définitifs annoncés ce 10 octobre par la Commission électorale. 

Les deux autres partis qui dominaient le paysage politique jusqu'ici, le Congrès démocratique (DC) et la Convention de tous les Basotho (ABC), ont obtenu respectivement 29 et 8 sièges.

Sam Matekane, considéré comme l'homme le plus riche du petit pays enclavé dans le territoire de l'Afrique du Sud, devrait devenir Premier ministre. Il lui faudra cependant former une coalition pour gouverner la monarchie constitutionnelle, marquée par une forte instabilité politique.

"Tous ces gouvernements qui se sont succédé, nous les avons épaulés" financièrement, confiait à l'AFP Sam Matekane, physique trapu, cheveux ras et fine moustache, la veille du scrutin. "Mais nous avons réalisé que nous devions prendre les choses en main".
Le Lesotho, l'un des pays les plus pauvres de la planète, "est en train de sombrer: nous, les hommes d'affaires, nous devons le sauver", disait le candidat, fan des courses de moto, qui aime aller vite.
 
Deux vieilles dames vont voter dans le district de Thaba-Tseka District, à 82 km de Maseru, Lesotho.
Deux vieilles dames vont voter dans le district de Thaba-Tseka District, à 82 km de Maseru, Lesotho.
© AP Photo/Themba Hadebe

Il propose de relancer l'économie, de venir à bout de la dette publique, sans s'attarder sur les détails, ni la méthode.

Ancien gardien de troupeau

L'ancien gardien de troupeau, septième de quatorze enfants, a grandi au sein d'une famille de paysans des hauts-plateaux, dans le centre du pays surnommé "le royaume dans le ciel". Il aime les blagues familières et affiche une richesse décomplexée, même s'il refuse de donner le montant de sa fortune.

À la tête d'une myriade d'entreprises rassemblées sous l'entité Matekane Group of Companies (MGC), il dirige une compagnie exploitant la mine de Letseng où le 5e plus gros diamant du monde (910 carats) a été découvert en 2018.

Il a gagné en popularité en construisant des écoles, un stade ou encore un théâtre. Il finance des bourses d'études et sponsorise la fédération nationale de foot. Pendant la pandémie de coronavirus, il a participé à l'achat de vaccins.

Chômage à 22,5%

Dans la rue, ils étaient nombreux à réclamer un changement et de meilleures conditions de vie. La population majoritairement rurale, dont plus de 30% vit avec moins de 1,90 dollar par jour selon la Banque mondiale, est assommée par un chômage endémique à 22,5%.

"Il devra travailler dur pour satisfaire les gens qui lui ont témoigné leur confiance", note le politologue Tlohang Letsie de l'Université nationale du Lesotho. "Sa réputation et la colère des gens envers les autres partis lui ont permis de gagner des voix", estime-t-il auprès de l'AFP.

Quelque 1,5 million d'électeurs étaient appelés à voter vendredi 7 octobre pour une cinquantaine de partis.

Dès le lendemain du scrutin, des soutiens de l'homme d'affaires, parti de rien en se lançant à 22 ans dans l'élevage d'ânes, s'étaient rassemblés dans la capitale Maseru lorsque les premiers dépouillements le montraient en tête.

"Je viens des montagnes, là-haut nous n'avons pas de nourriture, pas d'eau, rien. La RFP va changer tout ça", lâchait Mamamello Shoaepane, 40 ans, en pleurant de joie.
Chantant et dansant dans la rue, la petite foule euphorique habillée en blanc et vert, les couleurs du parti, scandait: "La prospérité, c'est la vie!".

La monarchie constitutionnelle est dirigée depuis 2012 par des gouvernements de coalition, rendus instables par de fréquents changements de bord et scissions au sein des partis.
 
Letsie III, roi du Lesotho
Letsie III, roi du Lesotho, lors des funérailles de la Reine Elizabeth II
© Sarah Meyssonnier/Pool Photo via AP)

L'ancien protectorat britannique a connu aussi depuis son indépendance en 1966 une succession de coups d'État et d'exils forcés de dirigeants politiques.