Fil d'Ariane
L'avion transportant l'ex-otage française a quitté vendredi matin le Mali et s'est posé sur la base aérienne de Villacoublay, au sud de Paris, a indiqué l'Elysée. Sophie Pétronin y a été accueillie par le président Emmanuel Macron.
"Sa libération est un immense soulagement. Aux autorités maliennes, merci. Le combat contre le terrorisme au Sahel se poursuit", a réagi dès jeudi soir le président Emmanuel Macron sur Twitter.
Le correspondant de TV5MONDE, Anthony Fouchard était en compagnie de la famille de Sophie Pétronin, à Paris dans l'attente de son arrivée.
Sophie Petronin à bord du Falcon en route pour Paris #Mali #JNIM pic.twitter.com/8cn7TeTjiB
— Anthony Fouchard (@AnthonyFouchard) October 9, 2020
Sophie Pétronin a été libérée en même temps que deux Italiens, dont un prêtre, ainsi que l'homme politique malien Soumaïla Cissé, 70 ans, figure de l'opposition, enlevé le 25 mars alors qu'il faisait campagne pour les élections législatives dans la région de Tombouctou (nord-ouest).
Les retrouvailles entre la septuagénaire et son fils Sébastien Chadaud, qui s'est battu depuis le début de la captivité de sa mère pour que son sort ne soit pas oublié, ont eu lieu jeudi soir à l'aéroport de Bamako, où les otages ont fait une première étape.
"Tu étais là à mes côtés en me disant : +Tiens bon+", peut-on entendre dire Sophie Pétronin, la tête voilée recouverte d'un fin voile banc, à son fils, sur une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux.
Les otages, aux mains du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM), une alliance de groupes jihadistes affiliée à Al-Qaïda, ont été reçus à la présidence malienne, où ils sont apparus en bonne santé.
Leur libération parachève une opération dont la genèse, le déroulement mais aussi les implications pour le gouvernement de transition au Mali sont entourés de vastes zones d'ombre.
Elle a coïncidé avec la remise en liberté entre dimanche et mardi de plusieurs dizaines de prisonniers que des responsables maliens, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, ont présentés comme des jihadistes, mais dont l'identité et le profil n'ont pas été divulgués.
La politologue, spécialiste du Sahel, Nyagalé Bagayoko, livre son analyse sur le plateau du journal de TV5MONDE. Elle revient sur la libération de prisonniers, djihadistes supposés : "il faut s’interroger sur les conditions de ces libérations et sur les profils de ces personnes". Cette libération massive a certes été une monnaie d'échange, pour la politologue, mais selon Nyagalé Bagayoko, "il y a eu une autre monnaie d’échange, une rançon, qui a été payée de la part des pays des personnes libérées."
Après quatre jours d'informations, de rumeurs et de confusion, la présidence malienne avait rompu jeudi soir le silence observé par les autorités de Bamako, mais aussi de Paris. Elle "confirme la libération de M. Soumaïla Cissé et Mme Sophie Pétronin. Les ex-otages sont en route pour Bamako", a-t-elle indiqué sur Twitter.
Mme Pétronin et M. Cissé ont embarqué dans un avion à Tessalit, ville du vaste nord désertique proche de la frontière algérienne, avant de retrouver les leurs à Bamako.
Peu après le tweet de la présidence malienne, le gouvernement malien a également annoncé la libération des Italiens Nicola Chiacchio et Pier Luigi Maccalli.
Jamais leurs noms n'étaient apparus jusqu'alors publiquement dans ces rumeurs et négociations de libération.
Singulièrement, le gouvernement a indiqué que la libération des quatre otages remontait à mardi. En fait, a ainsi déclaré Soumalia Cissé aux médias, c'est même lundi que "nous avons été informés que nous (étions) libres".
Sophie Pétronin, 75 ans, avait été enlevée le 24 décembre 2016 à Gao (nord du Mali), où elle vivait et dirigeait depuis des années une organisation d'aide à l'enfance.
"Pour le Mali, je vais prier, implorer les bénédictions et la miséricorde d'Allah, parce que je suis musulmane. Vous dites Sophie, mais c'est Mariam que vous avez devant vous", a-t-elle dit.