L'excision reste interdite en Gambie

L'excision et les mutilations féminines restent proscrites en Gambie malgré les pressions des tenants proclamés de la tradition. Le Parlement a rejeté le 15 juillet une proposition de loi qui aurait levé l'interdiction en vigueur depuis 2015 sur ces pratiques. 

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Une jeune fille Masai lors d'une manifestations contre les mutilations génitales à Kilgoris, au Kenya en 2007.

Une jeune fille Masai lors d'une manifestations contre les mutilations génitales à Kilgoris, au Kenya en 2007.

© AP Photo/Sayyid Azim, File
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C'est une victoire pour les groupes de défense des droits humains et les femmes gambiennes. Les défenseurs des droits humains des Nations unies avaient exhorté les députés à rejeter la proposition de loi, affirmant qu'elle menaçait des années de progrès. Elle aurait surtout fait de la Gambie le premier pays à annuler l'interdiction des mutilations génitales féminines (MGF). Les députés gambiens ont rejeté tous les amendements proposés au texte de 2015 qui auraient rendu cette pratique légale.

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"Je déclare que la proposition de loi est rejetée et que le processus législatif est épuisé", a dit le président de l'Assemblée nationale, Fabakary Tombong Jatta mettant fin à un débat qui durait depuis mars et qui divise profondément  l'opinion de ce pays à majorité musulmane. 

Voir La loi contre l'excision rediscutée en Gambie

Le texte présenté par le député Almameh Gibba affirmait que l'excision est une pratique culturelle et religieuse profondément enracinée. Mais les militants contre les MGF et les Nations unies disent qu'il s'agit d'une violation des droits humains. 

Les mutilations génitales féminines incluent l'ablation partielle ou totale du clitoris (excision), ou plus largement des organes génitaux externes, ou tout autre blessure des organes génitaux. En dehors de la douleur et du traumatisme, elles peuvent avoir de graves conséquences sur la santé de la femme engendrant des infections, des saignements, et plus tard stérilité et complications en couches.

La Gambie fait partie des 10 pays où le taux de MGF est le plus élevé : 73% des femmes et des filles de 15 à 49 ans ont subi cette pratique, selon les chiffres du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) pour 2024.

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"Servir d'exemple"

"Ce vote est une victoire importante pour les femmes et les filles en Gambie", a déclaré à l'AFP Divya Srinivasan, de l'ONG de défense des droits des femmes Equality Now. "Nous espérons que cette décision servira d'exemple dans la région proche ainsi que sur l'ensemble du continent", a-t-elle ajouté. L'ONG Amnesty International a également applaudi.

Lire HRW appelle la Gambie à maintenir l'interdiction des mutilations génitales féminines

L'adoption de la loi de 2015 "constituait une étape importante dans les efforts déployés par le pays pour protéger les droits des filles et des femmes", a rappelé Samira Daoud, directrice régionale d'Amnesty International. "Il était essentiel de protéger ces progrès", a-t-elle salué. 

Amnesty presse cependant le gouvernement d'en faire plus pour faire respecter la loi et s'attaquer aux "causes profondes du problème pour changer les attitudes et les normes afin d'autonomiser les femmes et les jeunes filles". Un rapport des Nations unies datant de mars indique que plus de 230 millions de filles et de femmes dans le monde ont survécu à cette pratique.

Une pratique non voulue par l'islam

Une commission parlementaire avait ouvert la voie au vote du 15 juillet. Son rapport indiquait que l'abrogation de l'interdiction "exposerait les femmes et les filles à de graves risques sanitaires et violerait leur droit au bien-être physique et mental".
La commission disait avoir interrogé des érudits musulmans qui avaient confirmé que ces pratiques n'étaient pas voulues par l'islam, contrairement à ce qu'affirmaient les partisans de l'abrogation. Les députés avaient approuvé le rapport la semaine passée.

Voir Lutte contre les mutilations génitales : prévention sans frontières en Afrique de l'Ouest [Le Mémo]

L'ancien dictateur gambien Yahya Jammeh (1994-2017), aujourd'hui en exil, avait interdit les mutilations génitales féminines en 2015, estimant qu'elles étaient dépassées et ne constituaient pas une exigence de l'islam. La même année, le Parlement avait adopté la première loi interdisant spécifiquement cette pratique, désormais passible d'une peine pouvant aller jusqu'à trois ans d'emprisonnement. Mais en réalité, les MGF n'ont pas été éradiquées en Gambie.

La querelle récente a éclaté en 2023, quand trois femmes ont été condamnées à des amendes ou à des peines de prison pour avoir pratiqué des mutilations génitales féminines. Un religieux islamique a payé les amendes et le Conseil suprême islamique de Gambie, principale organisation musulmane, a émis une fatwa confirmant la légalité de la "circoncision féminine". Le Conseil disait que la "circoncision féminine" n'était pas seulement une coutume ancestrale, mais aussi "une des vertus de l'islam".