Liberia : l'opposition reporte sa grande manifestation anti-Weah

Un collectif d'associations de la société civile, soutenu par l'opposition au Liberia, a reporté la grande manifestation prévue lundi 30 décembre pour réclamer une amélioration des conditions de vie au gouvernement de George Weah. La manifestation devrait avoir lieu le 6 janvier, a indiqué le chef de file du mouvement, Henry Costa.
 
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WEAH ONU
Le président du Libéria, George Manneh Weah, lors de la 74e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, le mercredi 25 septembre 2019.
 
©AP Photo/Richard Drew
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L'opposition avait maintenu jusqu'à dimanche soir son appel à manifester lundi, malgré l'interdiction décrétée par les autorités d'organiser des manifestations jusqu'au 30 janvier, faisant craindre des violences si le rassemblement avait lieu.

Les autorités avaient notamment expliqué qu'elles n'étaient pas en mesure d'assurer la sécurité, bien que l'opposition ait assuré que le rassemblement serait "pacifique". Mais après une médiation de dernière minute de l'ONU et de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), tard dimanche soir, les opposants à George Weah, au pouvoir depuis deux ans, ont accepté de revoir leurs plans, a expliqué lors d'une conférence de presse à Monrovia le dirigeant du Conseil des Patriotes (COP), Henry Costa.

"Nous sommes là pour vous dire pourquoi nous ne sommes pas dans la rue comme nous étions supposés l'être", a dit M. Costa, un animateur de radio très populaire, qui mène la fronde. Lundi matin, les rues de la capitale libérienne étaient inhabituellement calmes, et la présence des forces de l'ordre très visibles, selon les correspondants de l'AFP.

Une atteinte au droit de manifester

Selon Henry Costa, les diplomates ont expliqué que les représentants au Liberia de la Cédéao, de l'ONU, de l'Union européenne et des Etats-unis avaient "décidé de s'impliquer" dans la résolution d'une crise qui risque de déstabiliser un peu plus ce pays d'Afrique de l'Ouest confronté à d'énormes difficultés économiques.

"Ils ont dit qu'ils étaient allés voir le gouvernement pour lui dire qu'il était inacceptable que le gouvernement ait décidé de reporter l'exercice d'un droit constitutionnel", celui de se rassembler, a expliqué M. Costa. "Ils ont aussi dit que le gouvernement leur avait expliqué qu'il n'avait pas les moyens logistiques et humains pour assurer notre protection aujourd'hui. Et qu'ils étaient prêts à demander (au COP) de modifier son agenda au nom du gouvernement, mais pas de leur dire d'attendre jusqu'au 30 janvier".

"Nous avons rejeté la nouvelle date proposée par le gouvernement, le 5 janvier, parce que c'est un dimanche. Nous proposons à la place le 6 janvier. Nous avons aussi refusé la proposition du gouvernement de nous rassembler dans un stade de football", alors que la manifestation de lundi était prévue aux abords du Parlement, en encore expliqué Henry Costa.

Depuis plusieurs jours, la communauté internationale exhorte le gouvernement et l'opposition à redoubler d'efforts pour trouver un compromis, dans un pays touché par la pauvreté, la dévaluation de sa monnaie et l'inflation, et cherchant toujours à panser les plaies d'une guerre civile destructrice.

La semaine dernière, un influent membre du Congrès des Etats-Unis, le représentant républicain Chris Smith, avait enjoint les autorités de "respecter la liberté d'expression et de rassemblement des citoyens libériens".