Depuis plusieurs mois, c’est un autre militaire qui fait parler lui.
L’ex-général à la retraite Khalifa Haftar, attire l’attention des médias et des politiques. Certains observateurs le comparent à son homologue égyptien Al-Sissi. Ce dernier s’est emparé progressivement du pouvoir, évinçant les Frères musulmans, jusqu’à se présenter aux élections présidentielles égyptiennes du 25 mai dernier, qu’il devrait remporter. Pourrait-il donner des idées à Khalifa Haftar ? "[Le général] cristallise l’inquiétude, le désarroi et la lassitude d’une partie des acteurs politiques et de la population libyenne face à une transition qui dure depuis trop longtemps et qui, de plus, semble dérailler depuis quelques mois", souligne Saïd Haddad,
enseignant-chercheur à l’IREMAM et maître de Conférences aux Écoles de Saint-Cyr Coëtquidan. Après un premier appel médiatisé, mais resté vain, pour demander le gel des institutions officielles libyennes en février dernier,
le général dissident libyen Khalifa Haftar a dernièrement frappé un grand coup baptisé "Dignité". Il veut ainsi lutter contre "les groupes terroristes" qui sévissent dans le pays. Sa force paramilitaire a mené plusieurs raids aériens à l’ouest de la ville de Benghazi sur le camp d’un groupe islamiste armé : "la Brigade des martyrs du 17 février", groupe islamiste soupçonné d’entretenir des liens avec les djihadistes d’Ansar Asharia. Bien armées, les troupes du général Haftar supplantent l’armée libyenne, qui trahit ainsi sa faiblesse. Ces dernier jours, le général rallie de nombreux soutiens au sein de l’armée, comme le chef d’état-major de la Défense aérienne ou encore les forces spéciales, ainsi qu'au sein du gouvernement, avec le ministre de la Culture Habib Lamine qui a déclaré à l’AFP : "Je soutiens cette opération contre les groupes terroristes. Le CGN (le Parlement, ndlr), qui protège les terroristes, ne me représente plus", a-t-il déclaré. Autant de soutiens qui donne une nouvelle légitimité au général Khalifa Haftar. Cet homme de 71 ans serait-il le nouvel homme fort du pays ? Ancien chef d'état-major sous Kadhafi, il est désavoué par le général lors de la défaite libyenne dans la guerre contre le Tchad (1978-1987). Haftar y passe alors trois années incarcéré, pour être libéré ensuite par les Américains qui lui offrent l'asile politique. Après vingt ans passés aux États-Unis, il revient en Libye en 2011, au moment des Printemps arabes. Il fait progressivement son retour sur une scène militaire libyenne complexe du fait de la prise de pouvoir des milices dans le pays. Il peut d'ailleurs compter sur le soutien de l'une d'entre elles : les milices anti-islamistes de Zenten, bien armées.