Libye : des centaines de migrants nigérians rapatriés à la hâte

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Des milliers de migrants nigérians sont retenus pour l'instant en Libye, souvent parqués dans des conditions épouvantables. La Libye est mise en cause régulièrement pour les mauvais traitements infligés à ces hommes et ces femmes, notamment le scandale de la vente d'esclaves. Plusieurs centaines de personnes ont été rapatriés ce dimanche 7 janvier, vers le Nigéria, leur pays d'origine.
Du siège de l'ONU à New York jusqu'à Lagos au Nigéria, les images terribles du reportage choc de CNN sur un marché aux esclaves ont visiblement fait bouger les choses. Depuis la mi-novembre, le balet des avions qui ramènent les migrants détenus en Libye est incessant. Leur rapatriement en urgence par Abuja, la capitale nigérianne, se fait au pas de charge.

Lui-même de retour d'un centre de détention comme celui-ci, le ministre nigérian des Affaires étrangères, Geoffrey Onyeama, veut accélérer la cadence :

"Notre président a mis à disposition toutes les ressources nécessaires pour rapatrier tous les Nigérians au pays. Nous parlons d'environ 5 500 Nigérians, mais cette question du nombre est devenue problématique car il est difficile d'obtenir des chiffres précis : certains sont sous le contrôle du gouvernement central dans les camps, d'autres sont clairement en dehors des camps, d'autres sont également dans des zones moins accessibles et sans contrôle des autorités."

C'est là le point névralgique du problème soulevé par les organisations humanitaires ; les quelques milliers de rapatriés ne seraient qu'une proportion dérisoire comparée à tous ces Africains de l'Ouest partis sur les routes de l'exil et dont on ne sait plus rien. Le récit de ceux qui reviennent laisse imaginer le pire ; exemple frappant avec Emos, un nigérian rapatrié de Libye :

"Ils m'ont arrêté, ils m'ont mis en prison, ils ne m'ont pas nourri. Tous ces mois passés en Libye, j'ai souffert. Beaucoup de gens priaient pour revenir mais ils ne pouvaient pas. Certaines personnes les piègent, ils les kidnappent, ils tirent sur les gens. Je suis très heureux de revenir parce que la Libye n'est pas un endroit où rester."

Mais le retour au pays sera-t-il la fin du laborieux chemin de la clandestinité ?  Après les sévices subis en Libye, l'espoir et leurs économies anéantis par un voyage avorté vers l'Europe, ces Nigérians et leur prise en charge représentent un défi de taille pour le gouvernement de Muhammadu Buhari... qui devra être relevé dans l'urgence.