Libye : la France dénonce le "jeu dangereux" de la Turquie

Le ton monte entre Paris et Ankara. Pour le président français Emmanuel Macron, son homologue turc mène un "jeu dangereux" en Libye. La France affirme que la Turquie fournit massivement des armes au gouvernement d'union nationale, en violation d'un embargo des Nations Unies. La réaction de la Turquie ne s'est pas fait attendre. Ce mardi 23 juin, Ankara a à son tour accusé la France des mêmes maux - " de jouer un jeu dangereux" en Libye.

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Macron Erdogan
Emmanuel Macron et Recep Tayyip Erdogan réunis au sommet du G20 à Osaka (Japon), le 28 juin 2019.
Presidential Press Service via AP, Pool.
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"Il en va de l’intérêt de la Libye, de ses voisins, de toute la région mais également de l'Europe", a martelé le président français. Emmanuel Macron a appelé à ce "que cessent les ingérences étrangères et les actes unilatéraux de ceux qui prétendent gagner de nouvelles positions à la faveur de la guerre" en Libye.

A noter que la Turquie est devenue le principal soutien international du gouvernement d'union nationale (GNA) de Tripoli, qui a repris début juin le contrôle de l'ensemble du nord-ouest de la Libye en faisant reculer les forces du maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'est du pays.
 
Je considère aujourd'hui que la Turquie joue en Libye un jeu dangereux et contrevient à tous ses engagements (de non ingérence, ndlr) pris lors de la conférence de Berlin en janvier.
Emmanuel Macron à l'issue d'un entretien avec son homologue tunisien Kais Saied à la présidence française

Ce mardi 23 juin, la Turquie a réagi en accusant elle aussi la France de "jouer à un jeu dangereux" en Libye, reprenant ainsi la formule utilisée par le président Emmanuel Macron.

Libye : "Tout le monde dialogue avec Haftar"

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"Par le soutien qu'elle apporte depuis des années aux acteurs illégitimes, la France a une part de responsabilité importante dans la descente de la Libye dans le chaos. De ce point de vue, c'est en réalité la France qui joue à un jeu dangereux", a déclaré le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères, Hami Aksoy.

Voir aussi : Libye : regain de tensions entre la France et la Turquie

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Position de la Tunisie sur la Libye

"Les choses ne peuvent se poursuivre ainsi. La Tunisie est l'un des pays qui en souffrent le plus", a déclaré pour sa part le président tunisien, en référence aux risques de déstabilisation aux portes de son pays. Kais Saied a mis en garde contre une "partition de la Libye", qui serait "un danger pour toute la région".


Que reproche Paris à Ankara ?

La France affirme que la Turquie fournit massivement des armes au GNA en violation d'un embargo des Nations unies. La Turquie accuse de son côté Paris de soutenir le maréchal Haftar, et d'être le "sous-traitant de certains pays de la région" dans la crise libyenne, une allusion aux Emirats et à l'Egypte.

Au passage, Emmanuel Macron a réitéré sa crainte d'une "mort cérébrale" de l'Otan, comme fin 2019, en raison des tensions récurrentes avec la Turquie - également membre de l'Alliance, et du manque de coordination entre ses membres.

A l'automne dernier, la France avait déjà reproché à la Turquie d'avoir lancé une offensive contre des milices kurdes syriennes engagées aux côtés des Américains et des Européens dans la lutte contre le groupe Etat islamique (EI). Paris accuse cette fois la marine turque d'avoir eu un comportement "extrêmement agressif" à l'encontre d'une de ses frégates en Méditerranée début juin.

"Je considère que c'est une des plus belles démonstrations qui soient" de "cette mort cérébrale", a martelé Emmanuel Macron, jugeant "intolérable" qu'une telle confrontation entre deux membres de l'Otan ait donné lieu à "si peu de dénonciation".

Tant que nous continuerons, membres de l'Otan, Européens, parties prenantes de ce sujet à être faibles dans nos propos ou à manquer de clarté, nous laisserons le jeu des puissances non coopératives se faire.Emmanuel Macron, président français

Comment l'ONU a-t-elle réagi ?


"La dernière chose dont la Libye a besoin maintenant sur son sol c'est davantage de combats, de mobilisation, de transfert d'armes, de combattants ou de mercenaires", a déclaré Stéphane Dujarric, le porte-parole de l'ONU, après la menace de l'Egypte d'intervenir militairement dans ce pays.

Il a aussi souligné l'importance pour l'ONU "qu'aucune des parties ne fasse quoi que ce soit qui ferait empirer la situation". 

Réaction et position de l'Egypte

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a prévenu samedi 20 juin que toute avancée des pro-GNA vers Syrte pourrait entraîner une intervention "directe" de son pays dans le conflit. Le GNA, reconnu par l'ONU, a dénoncé pour sa part les menaces de l'Egypte, perçues comme une "déclaration de guerre".
 

Dans le conflit en Libye, l'Egypte soutient les forces du maréchal Khalifa Haftar, rivales du Gouvernement libyen d'union nationale (GNA), appuyé par la Turquie et basé dans la capitale Tripoli.

(Re)voir aussi : Libye : l'Égypte prête à intervenir

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La crise entre Paris et Ankara est loin d'être terminée. Ankara a arrêté quatre de ses ressortissants soupçonnés d'espionnage pour le compte de la France, a rapporté lundi 22 juin un journal progouvernemental turc. Aucune confirmation de source indépendante n'a pu être obtenue.