En Libye, dans les prisons tenues par les différents groupes armés, la torture se pratique au quotidien. L'ONU s'en alarme et vient de publier un rapport. Certains témoignent.
Ces images de centre de détention en Libye datent de 2011, et depuis... plus rien. Trou noir. La plupart des prisons dans ce pays sont aux mains des groupes armés, aucun observateur, avocat, ou médecin n'y accèdent. Et derrière les murs, loin des regards, les pires horreurs se produisent. C'est en tout cas ce que révèle un rapport du bureau des droits de l'homme de l'ONU.
"Les groupes armés en Libye, y compris ceux qui sont affiliés à l'Etat tiennent des milliers de personnes. Des détention arbitraires et prolongées. Ces groupes armés leur font subir torture et autre violation des droits humains."
Passage à tabac avec des barres métalliques. Coups sur la plante des pieds, électrocution, brûlure de cigarette, ce témoin raconte les 10 mois de cauchemar passés dans une geôle libyenne
"Ils nous faisaient sortir et nous torturaient en groupe. Ils avaient l'habitude de nous fouetter. Pendant la nuit, ils venaient chercher un ou deux détenus pour les torturer et les fouetter. Il ya des gens qui sont morts de maladie et d'autres qui ne pouvaient même pas marcher. Des gens sont morts. Tous les jours. Il y avait cette odeur horrible à cause du nombre de cadavres. Tous les jours chaque vivant souhaitait mourir."
Quand Khadafi est tombé en 2011, des groupes armés ont régné sur le chaos. A partir de 2014 selon le rapport, ces hommes désormais tout puissants ont arrêté des membres de factions rivales, leur familles, mais aussi des journalistes, des personnalités politiques et même du personnel médical. Les gouvernements successifs loin de faire le ménage se sont servis de ces milices comme supplétifs.
"Au lieu d'intégrer les membres de ces groupes armés dans les structures de commandement sous le contrôle de l'État, les differents gouvernements se sont appuyés sur eux, les utilisant comme force de l'ordre, leur payant des salaires et leur fournissant des uniformes et de l'équipement. La conséquence c'est que leur pouvoir est devenu incontrôlé." ELIZABETH THROSSELL, porte-parole du Conseil aux droits de l'Homme aux Nations Unies (UNHCR).
Selon le rapport de l'ONU, 6.500 personnes croupissent dans des prisons officielles sous le contrôle du ministère de la Justice. Aucune statistique en revanche sur les lieux de détentions dépendant de la Défense ou de l'Intérieur, et encore moins pour ceux gérés par les groupes armés.