Fil d'Ariane
Le chef du Gouvernement libyen d'union nationale (GNA) a nommé samedi 29 août un nouveau ministre de la Défense et un nouveau chef d'état-major des armées, sur fond de contestation populaire contre la détérioration des conditions de vie. Le pays est en proie aux violences depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.
Le chef du Gouvernement libyen d'union nationale (GNA) Fayez al-Sarraj, lors d'une conférence de presse après sa rencontre avec le Premier ministre italien, à Rome, en janvier 2020.
Fayez al-Sarraj, à la tête du Conseil présidentiel chapeautant le GNA, a nommé dans deux décrets distincts le colonel Salah Eddine al-Namrouch au portefeuille de la Défense et Mohamad Ali al-Haddad, élevé au grade de général, comme chef d'état-major de l'armée libyenne.
M. Namrouch occupait jusque-là le poste de vice-ministre de la Défense, celui du ministre étant vacant depuis 2018.
Le général al-Haddad, qui était jusqu'à présent commandant de la zone militaire du centre du pays, est originaire de Misrata (200 km à l'est de Tripoli) d'où sont issus les puissants groupes armés ayant combattu aux côtés du GNA contre le maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l'Est.
Ces nominations interviennent après plusieurs réunions ces derniers jours entre M. Sarraj et les quatre autres membres du Conseil présidentiel, pour examiner des mesures et dispositions urgentes dans un contexte de mécontentement populaire grandissant à Tripoli et dans d'autres villes de l'ouest libyen, sous le contrôle du GNA.
Des centaines de Libyens ont manifesté cette semaine pendant plusieurs jours à Tripoli, siège du GNA, reconnu par l'ONU et qui s'oppose au maréchal Haftar, contre la corruption et la détérioration de leurs conditions de vie.
Par ailleurs, à l'issue d'une réunion du Conseil présidentiel vendredi soir 28 août, le ministre de l'Intérieur Fathi Bachagha a été "suspendu". Il a été invité à se présenter devant ce même Conseil dans "72 heures au plus tard" pour une "enquête administrative" au sujet de ses déclarations à la suite d'incidents à Tripoli la semaine dernière, où plusieurs manifestants ont été blessés.
M. Bachagha se trouvait en Turquie pour des réunions avec des responsables turcs, dont le ministre de la Défense, lorsque sa suspension a été annoncée.
Il a rapidement "pris acte" de cette suspension, se disant prêt à répondre à l'enquête à condition que son audition soit "publique et retransmise en direct".
Il est rentré samedi soir à Tripoli. Des commandants des forces de l'ordre et des partisans venus en convoi depuis Misrata lui ont réservé un grand accueil officiel avec la fanfare de la police.
"La Libye ne tient pas à une personne. Ni Bachagha, ni aucun autre. (...) Je suis prêt à être questionné. Je n'ai rien à cacher", a lancé à la foule M. Bachagha, à sa descente d'avion.
Entouré des hauts gradés de la police dans le salon d'honneur de l'aéroport de Mitiga, il a souligné la nécessité de construire "un Etat de justice, de loi et de droit" en Libye.
"Le quotidien des Libyens est pénible (...) et la cause principale de cette situation, c'est la corruption dans tous les secteurs. (...) La corruption est notre premier ennemi", a-t-il dit. "Je ne veux pas de ces fonctions si je dois inévitablement faire du tort" aux Libyens.
"Je ne me rangerai pas du côté des corrompus", a-t-il lancé.