Fil d'Ariane
Six ans après la chute du dictateur Mouammar Kadhafi, la Libye suffoque, prisonnière du chaos. Entre les groupes armés officiels et officieux, les milices djihadistes, terroristes ou libératrices, des milliers d'Africains continuent de croire à un chemin vers l'Europe. Comme sous la chaleur du désert lorsqu'apparaît l'oasis, cette voie n'est parfois qu'un mirage. Prisonniers en Libye, ces hommes et femmes deviennent des marchandises.
Narciso Contreras a dû évoluer pendant des mois dans l'enfer libyen, entre février et juin 2016, pour raconter en images l'histoire de ces migrants.
Le 11 avril dernier, plusieurs mois après le passage de Narciso Contreras en Libye, l'Office International des Migrations alertait lui aussi sur les pratiques du "marché aux esclaves". Les migrants "ont tous confirmé le risque d’être vendu comme esclave sur des places ou dans des garages à Sabha (Sud-Ouest de la Libye), soit par leur chauffeur, soit par des locaux, qui recrutent les migrants pour des travaux journaliers en ville, souvent dans le bâtiment. Puis au lieu de les payer, ils vendent leurs victimes à de nouveaux acheteurs."
En mai 2017, la Cour Pénale Internationale ouvre les yeux sur cet esclavage organisé. Fatou Bensouda, la procureur de la CPI s'appuie sur "les informations crédibles selon lesquelles la Libye est devenue un marché pour le trafic d’êtres humains". Une enquête est envisagée.
L'ensemble de l'intervention sur la Libye de Fatou Bensouda lors du Conseil de sécurité de l'ONU du 8 mai 2017 :
Le photographe Narciso Contreras est né en 1975 à Mexico City. Récompensé à plusieurs reprises pour ses reportages photographiques, il avait dû faire face à une polémique quand il a remporté le Prix Pulitzer en 2013.