Fil d'Ariane
L'OGC Nice a annoncé mercredi 18 octobre la suspension de son défenseur Youcef Atal. L'international algérien est visé par une enquête préliminaire pour "apologie du terrorisme" après une publication liée au conflit entre Israël et le Hamas.
Le joueur de Nice et international algérien Youcef Atal lors d'un match de coupe d'Europe contre le Partizan Belgrade le 27 octobre 2022.
Il est rare qu'un sujet d'actualité internationale suscite autant de réactions dans le monde du football professionnel, même si en France, aucun autre relai ou publication que celui de l'international algérien n'est sous le coup d'une enquête judiciaire.
Atal a rapidement supprimé sa publication et présenté des excuses. Mais le club a expliqué dans un communiqué avoir fait le choix de "prendre immédiatement" des sanctions, "préalables" à celles que pourraient prendre les instances sportives ou judiciaires, "compte tenu de la nature de la publication partagée et de sa gravité".
"La réputation et l'unité de l'OGC Nice résultent du comportement de l'ensemble de ses salariés, qui doit être en accord avec les valeurs défendues par l'institution", a déclaré le club, qui avait convoqué le joueur dès son retour de sélection algérienne.
Depuis samedi 14 octobre, les réactions se sont multipliées pour dénoncer le partage, sur le compte Instagram du footballeur, d'une vidéo d'un prédicateur tenant, selon ces accusateurs, des propos antisémites appelant à la violence.
Cette publication ayant été effacée par le joueur, l'AFP n'a pas été en mesure de vérifier son contenu exact de manière indépendante. Sur une vidéo que le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a conservée, le prédicateur s'émeut du sort des civils à Gaza et appelle à "un jour noir pour les juifs" et à ce qu'ils ne puissent pas "hisser leur drapeau à Gaza".
Saisi par le préfet des Alpes-Maritimes Hugues Moutouh et le maire de Nice Christian Estrosi (Horizons), le procureur de Nice a annoncé lundi 16 octore l'ouverture d'une enquête pour "apologie du terrorisme" et "provocation à la haine ou à la violence à raison d'une religion déterminée".
"Quand on est un joueur connu avec trois millions de followers (abonnés) sur ses réseaux sociaux, non seulement on n'est pas au-dessus des lois, mais on a aussi un devoir moral d'exemplarité", a expliqué Hughes Moutouh dans Nice Matin mercredi. "Relayer des vidéos qui sont des appels à la haine n'est pas acceptable".
Mardi , la branche Sud-Est du Crif a déposé plainte contre le joueur. Côté sportif, le conseil de l'éthique de la Fédération française de football (FFF) a été saisi.
Le défenseur a joué entre 13 et 29 matches par saison complète depuis son arrivée à Nice en 2018. Cette saison, il a disputé six des huit premières journées de Ligue 1 et il était encore titulaire lundi avec l'Algérie lors d'un match amical contre l'Egypte.
Plus de 1.400 personnes ont été tuées en Israël, la plupart des civils le jour de l'attaque du 7 octobre, la plus meurtrière depuis la création de l'Etat d'Israël. Les frappes de représailles israéliennes sur la bande de Gaza ont tué plus de 3.000 personnes, en majorité des civils palestiniens, selon les autorités locales.
Plusieurs stars du ballon rond se sont depuis exprimées sur cette flambée de violences, pour apporter leur soutien à la cause palestinienne.
L'ex-attaquant de l'équipe de France Karim Benzema, désormais à Al-Ittihad en Arabie saoudite, a adressé "toutes (ses) prières pour les habitants de Gaza victimes une fois de plus de ces bombardements injustes qui n'épargnent ni femmes ni enfants", dans un message publié sur X (ex-Twitter) à l'intention de 20 millions d'abonnés, une publication qui ne faisait pas mention des victimes israéliennes.
La figure du foot français Eric Cantona, connue pour ses prises de position pro-palestiniennes, a pour sa part relayé mardi sur Instagram le texte de l'auteure et influenceuse libano-canadienne Najwa Zebian. "Défendre les droits humains en Palestine ne veut pas dire que l'on est pro-Hamas", est-il écrit en début de texte.
Une publication qui a créé un certain émoi, notamment à cause d'un paragraphe évoquant un "apartheid imposé par le gouvernement israélien". Un terme aussi employé par Nabil Fekir, joueur du Betis Séville et champion du monde 2018 avec l'équipe de France, dans un message posté le 11 octobre sur X, qui apportait son "soutien indéfectible au peuple de Palestine".