L'ONU profondément inquiète des restrictions croissantes des droits au Mali

Les Nations unies sont "profondément préoccupées" par la dissolution d'organisations de la société civile au Mali, et plus largement par des "restrictions croissantes" aux droits humains et aux libertés fondamentales.
 

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Le ministre de la Défense malien Sadio Camara, à gauche, le ministre des Affaires étrangères russe Sergeï Lavrov, au centre, et son homologue malien Abdoulaye Diop lors d'une rencontre à Moscou, le 28 février dernier.

Le ministre de la Défense malien Sadio Camara, à gauche, le ministre des Affaires étrangères russe Sergeï Lavrov, au centre, et son homologue malien Abdoulaye Diop lors d'une rencontre à Moscou, le 28 février dernier.

© Maxim Shipenkov/Pool Photo via AP
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Depuis décembre 2023, au moins quatre organisations ont été dissoutes, dont la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l'imam Mahmoud Dicko (CMAS) et l'Observatoire pour les élections et la bonne gouvernance au Mali, souligne le Haut-Commissariat aux droits de l'Homme dans un communiqué.

"Nous appelons les autorités de transition à permettre aux organisations dissoutes de reprendre leurs activités", poursuit le Haut-Commissariat.
Il juge "essentiel" que les autorités protègent l'espace civique et garantissent le plein respect des lois du Mali et qu'elles se conforment à leurs obligations "en vertu du droit international et régional en matière de droits humains".

La gouvernement malien avait annoncé le 6 mars la dissolution de la CMAS.
L'imam Mahmoud Dicko, une influente figure religieuse, est l'un des rares à oser exprimer ouvertement ses désaccords avec les militaires au pouvoir.

L'imam Dicko a été la figure tutélaire d'un mouvement de contestation qui a précédé la chute du président civil Ibrahim Boubacar Keïta, renversé par un coup d'état militaire en 2020.

Soutien des putschistes à leur début, il a ensuite pris ses distances avec eux, avant de devenir l'une des voix les plus critiques du régime, plaidant pour un retour des civils au pouvoir et s'élevant contre le projet de nouvelle Constitution qui a maintenu le principe de laïcité de l'Etat, finalement adoptée à une écrasante majorité.

Le chef religieux est aussi l'un des rares à sembler pouvoir mobiliser dans un contexte de restriction des libertés sous le régime militaire. Il est également très clair dans sa condamnation de la libération des moeurs sexuelles.

Le Mali est en proie depuis 2012 à la propagation djihadiste et à une grave crise non seulement sécuritaire, mais aussi politique et humanitaire.

Les colonels qui ont pris le pouvoir par la force en 2020 ont opéré une réorientation stratégique, rompu la vieille alliance avec l'ancienne puissance dominante française et se sont tournés militairement et politiquement vers la Russie.