Afrique

Lutte contre Boko Haram : interview exclusive de François Hollande

Plus de 200 lycéennes enlevées le mois dernier, au moins 125 personnes massacrées dans la région de Gamboru Ngala le 5 mai, attaque contre un camp de travailleurs chinois la nuit dernière... La liste des violences perpétrées par Boko Haram est longue et la communauté internationale se mobilise. Ce samedi 17 mai, Paris accueille un mini-sommet africain pour établir une stratégie coordonnée contre le groupe islamiste. En fin d'après-midi, le président François Hollande a accordé une interview à nos journalistes.

François Hollande

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17.05.2014Liliane Charrier, avec AFP
Apparu en 2002 dans le nord-est défavorisé du Nigeria, Boko Haram s'est radicalisé à partir de 2009. Aujourd'hui, le groupe menace de plus en plus les voisins du géant anglophone d'Afrique de l'Ouest. Avec le mini-sommet africain de ce samedi 17 mai, Paris tente d'aider son nouvel allié en coordonnant la lutte anti-terroriste au niveau régional. Car depuis l'arrivée au pouvoir du président François Hollande, très investi sur le continent africain, les relations entre Paris et Abuja n'ont jamais été aussi bonnes.

Un sommet sous pression
                                   
Le 14 avril dernier, l'enlèvement massif de 223 lycéennes à Chibok, dans l'Etat de Borno (nord-est du Nigeria), et les vidéos terrifiantes du chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, menaçant de marier de force les jeunes femmes ou d'en faire des esclaves, ont suscité un mouvement d'indignation mondiale et braqué les projecteurs sur une violence jusqu'alors peu médiatisée.
                 
Cette nuit, un Chinois a été tué et dix autres "ont probablement été kidnappés" dans une attaque contre un camp de travailleurs du secteur routier perpétrée dans l'extrême-nord du Cameroun. Une attaque attribuée par la police camerounaise aux islamistes nigérians. "Les Boko Haram étaient lourdement armés. Ils sont venus avec cinq véhicules", a affirmé un responsable administratif de Waza, à proximité du site. Cette nouvelle opération attribuée au groupe islamiste accroît encore un peu plus la pression sur le sommet de Paris au moment où la stratégie du président nigérian Goodluck Jonathan pour le combattre est de plus en plus contestée.

Violence d'un groupe islamiste armé dont les attaques sanglantes ont fait des milliers de morts, mais aussi violence de l'armée nigériane et incurie gouvernementale, pointées du doigt par les plus proches alliés du Nigeria, Américains en tête. Washington, qui a classé en novembre 2013 Boko Haram sur la liste des "organisations terroristes étrangères", et qui a mobilisé hommes et équipements pour aider à retrouver les lycéennes, a fustigé jeudi "la lenteur tragique et inacceptable" de la réponse du gouvernement nigérian face à la crise. De fait, le président Goodluck Jonathan ne s'est ému du sort des jeunes filles que plus de 15 jours après leur enlèvement. Et la veille de sa venue à Paris, s'exposant à de nouvelles critiques internationales, il a annulé une visite annoncée à Chibok, où ont été enlevées les lycéennes.

Contre-terrorisme au niveau régional

S'il n'est pas question d'une intervention militaire occidentale contre Boko Haram, assure l'Elysée, la France se prévaut d'une réelle expertise pour impulser la lutte anti-terroriste dans la région. Elle intervient militairement au Mali et en Centrafrique, dispose de troupes au Tchad et au Niger et a plusieurs ressortissants otages dans la région. La France a également des avions de combat Rafale à N'Djamena, à même d'effectuer des missions de reconnaissance, et deux drones au Niger.

Au plan régional, Paris attend que les pays concernés élaborent un plan de mesures communes, comme le partage de renseignements, ainsi qu'un soutien des partenaires occidentaux, explique une source diplomatique. A cet égard, le début d'une coopération entre le Nigeria et le Cameroun, l'un des pays les plus menacés par Boko Haram, comme en témoigne l'attaque de la nuit contre le camp de travailleurs chinois, est très attendu. Les deux voisins, longtemps brouillés au sujet d'un différend territorial, amorcent une timide normalisation de leurs relations.
                 
Le sommet de Paris intervient alors que Paris est en train de réorganiser son dispositif militaire en Afrique, "pour une conception régionale du contre-terrorisme", selon le ministre de la Défense Jean-Yves le Drian. Il devrait détailler prochainement le dispositif mobilisant 3 000 soldats français dans la bande sahélo-saharienne.

Mini-sommet africain contre Boko Haram : premier bilan

17.05.2014François-Xavier Freland, en direct de l'Elysée
Le président Nigérian Goodluck Jonathan est arrivé le premier à l'Elysée ce samedi. Il a ensuite accueilli le président français François Hollande, les chefs d'Etat du Cameroun, du Niger, du Tchad et du Bénin, ainsi que des représentants des Etats-Unis, de Grande-Bretagne et de l'Union européenne. Quels sont les premiers résultats concrets de ce sommet ? Eléments de réponse avec l'envoyé spécial de TV5MONDE au palais de l'Elysée.
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