Fil d'Ariane
Le président français Emmanuel Macron appelle l'Algérie à "réengager un travail de fond" avec la France sur les accords d'immigration liant les deux pays et mis en garde contre tous "jeux politiques" dans ce débat qui enflamme la relation bilatérale.
Le président français Emmanuel Macron, à gauche, et le président portugais Marcelo Rebelo de Sousa se saluent alors qu'Emmanuel Macron arrive pour une cérémonie de bienvenue à l'extérieur du monastère de Jeronimos, à Lisbonne, au début de sa visite d'État au Portugal, jeudi 27 février 2025.
"Nous n'avancerons pas s'il n'y a pas un travail, on ne peut pas se parler par voie de presse, c'est ridicule, ça ne marche jamais comme cela", a-t-il lancé lors d'une conférence de presse à Porto (Portugal). "Il ne faut pas que (les relations) fassent l'objet de jeux politiques", a-t-il ajouté, souhaitant aussi que les "millions de Français nés de parents algériens" ne soient pas "pris dans ces débats".
Le refus de l'Algérie d'accepter des ressortissants en situation irrégulière renvoyés par la France, dont l'auteur d'un attentat qui a fait un mort le 22 février à Mulhouse (est de la France), a fini d'envenimer des relations déjà très dégradées depuis la reconnaissance par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental en juillet 2024.
Rien ne peut prévaloir sur la sécurité de nos compatriotes.
Emmanuel Macron, président français
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau, de droite (LR) et en première ligne sur ce sujet, a multiplié les attaques verbales contre l'Algérie, alimentant une escalade, par médias interposés, entre les deux pays. "Rien ne peut prévaloir sur la sécurité de nos compatriotes", souligne Emmanuel Macron face à l'émotion suscitée en France par l'attentat de Mulhouse.
"Les accords signés en 1994 (...) de reprise automatique (de) ressortissants, il faut qu'ils soient pleinement respectés", a-t-il insisté tout en saluant la "coopération qui existe" en la matière entre Paris et Alger. Le chef de l'État a par ailleurs signifié qu'il n'était pas question de dénoncer les accords de 1968 qui confèrent un statut particulier aux Algériens de séjour et d'emploi en France.
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"On ne va pas les dénoncer de manière unilatérale, ça n'a aucun sens", a-t-il martelé alors que ce débat fait rage en France depuis plusieurs semaines. Le Premier ministre François Bayrou n'avait pas exclu le 26 février une "dénonciation" des accords bilatéraux dans ce domaine s'ils n'étaient pas réexaminés dans un délai d'"un mois, six semaines".
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La "détention arbitraire" en Algérie de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, ainsi que "sa situation de santé", "nous préoccupent beaucoup", a par ailleurs déclaré Emmanuel Macron. "Je considère que c'est aussi un des éléments qu'il faut régler (avec Alger) pour que la confiance soit pleinement rétablie" entre les deux pays, a ajouté le président français, en visite d'État au Portugal.