Madagascar : deux Français arrêtés pour une tentative d'assassinat du président déjouée, selon les autorités

Six personnes ont été arrêtées à Madagascar, mardi, dont deux Français ex-officiers à la retraite dans le cadre d'une enquête pour atteinte à la sécurité de l'Etat. Ils sont suspectés d'être impliqués dans une tentative d'assassinat du président Andry Rajoelina qui aurait été déjoué selon les autorités malgaches.
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Le président malgache Andry Rajoelina lors d'un sommet organisé par la Banque Mondiale à Abidjan en Côte d'Ivoire, le 15 juillet 2021. (Reuters)
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Le parquet malgache a annoncé avoir déjoué une tentative d'assassinat du président de la République Andry Rajoelina, et arrêté, mardi, six personnes "étrangères et malgaches". Deux Français figurent parmi les personnes arrêtées, indique le gouvernement.


Selon les preuves matérielles en notre possession, ces individus ont échafaudé un plan d'élimination et de neutralisation des diverses personnalités malgaches dont le chef de l'État.

Berthine Razafiarivony, procureure générale

"Plusieurs ressortissants étrangers et malgaches ont été interpellés mardi dans le cadre d'une enquête pour atteinte à la sûreté de l'État", a déclaré mercredi soir à la presse la procureure générale Berthine Razafiarivony. "Selon les preuves matérielles en notre possession, ces individus ont échafaudé un plan d'élimination et de neutralisation des diverses personnalités malgaches dont le chef de l'État", a ajouté la procureure, sans autre précision ni sur ces preuves ni sur les circonstances de ces arrestations. 

Une enquête pour éclaircir les circonstances de la tentative d'attentat

"À ce stade de l'enquête qui se poursuit, le parquet général assure que toute la lumière sera faite sur cette affaire", a ajouté la procureure. Le ministre de la Sécurité publique, Fanomezantsoa Rodellys Randrianarison, a précisé jeudi que six personnes avaient été arrêtées dans le cadre de cette affaire, "dont un étranger, deux bi-nationaux et trois Malgaches". Et que "la police avait des renseignements sur cette affaire depuis plusieurs mois". 

"Des armes et de l'argent ont été saisis" lors de ces interpellations qui ont eu lieu "au même moment, mais dans des endroits différents". "Il y a aussi des documents officiels qui prouvent leur implication", a-t-il déclaré. Patrick Rajoelina, conseiller du président de la République a ajouté que "250 000 euros et 1 milliard d'ariary ont été retrouvés lors des perquisitions" et que des "aveux" auraient été obtenus. Selon lui, "tous les éléments sont avérés."

L'agence malgache Taratra, sous tutelle du ministère de la Communication, fait savoir que les deux Français arrêtés, Philippe F. et Paul R., seraient d'anciens officiers à la retraite. Selon leurs profils LinkedIn et le fichier des entreprises à Madagascar, Philippe F. serait aussi gérant d'une entreprise d'investissement et de conseil pour les investisseurs internationaux à Madagascar.  Paul R., un Franco-malgache, a été un conseiller de l'actuel président Andry Rajoelina jusqu'en 2011. Il est présenté comme un conseiller actuel de l'archevêque d'Antananarivo.

Une autre tentative d'assassinat quelques semaines plus tôt

Lors de la célébration de la fête de l'indépendance de Madagascar, le 26 juin, la gendarmerie avait déjà annoncé avoir déjoué une tentative d'assassinat du secrétariat d'État chargé de la gendarmerie, le bras droit du président, le général Richard Ravalomanana.

L'opposition a condamné "toute tentative d'assassinat que ce soit contre les dirigeants ou contre quiconque", a réagi Rivo Rakotovao, ancien président par interim du pays. "Il ne faut pas non plus profiter de cette situation pour mettre à mal la démocratie à Madagascar", a-t-il aussitôt mis en garde, alors que le président actuel a la mainmise sur tous les leviers politiques du pays et fait l'objet de critiques concernant notamment la liberté de la presse.

L'un des pays les plus pauvres du monde, Madagascar a connu depuis 20 ans de nombreuses et graves crises politiques. La grande Île est quasi-verrouillée depuis la pandémie de Covid-19, et la famine frappe actuellement de plein fouet une région du sud du pays.