Madagascar : Emmanuel Macron annonce la signature d'accords économiques avec le pays

Les présidents français et malgache ont annoncé, mercredi 23 avril, le renforcement de leur coopération économique à travers une série de projets ambitieux. Une signature qui intervient au premier jour de la visite d’État d’Emmanuel Macron à Antananarivo. 

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Antananarivo, Madagascar

Des habitants attendent l'arrivée du président français Emmanuel Macron à Antananarivo, Madagascar, mercredi 23 avril 2025. 

AP Photo/Alexander Joe
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Le président français Emmanuel Macron et son homologue malgache Andry Rajoelina ont annoncé, mercredi 23 avril, un renforcement de leur coopération économique via plusieurs projets ambitieux, au premier jour d'une visite d'État à Antananarivo.

Emmanuel Macron a annoncé "plusieurs accords importants", citant une variété de domaines : "énergie, numérique, infrastructures, connectivité et tourisme".

Andry Rajoelina a souhaité que la France, "toujours proche" de son pays, s'y "investisse encore plus", évoquant l'"immense potentiel" de l'île-État de l'océan Indien.

Les présidents français et malgache

Le président français Emmanuel Macron, à droite, accueille le président malgache Andry Rajoelina avant leur entretien vendredi 27 août 2021 au palais de l'Élysée à Paris. 

AP Photo/Lewis Joly

M. Macron a annoncé un accompagnement financier de l'Agence française de développement (AFD), ainsi qu'un prêt du Trésor français pour la réalisation d'un barrage hydroélectrique à Volobe, dans l'est du pays, dans les tuyaux depuis près d'une décennie. Le géant français de l'électricité EDF a également signé un accord pour entrer à hauteur de 37,5% au capital du consortium chargé de sa construction, chiffrée entre 525 et 700 millions d'euros.

Alors que la France a été le premier client et troisième fournisseur de Madagascar en 2024, Emmanuel Macron a évoqué un "accompagnement financier", un effort de "sécurisation des apports en blé" et une rénovation de deux lignes ferroviaires séculaires héritées de la colonisation.

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Il a aussi souhaité un "partenariat en matière de terres rares stratégiques", ces métaux nécessaires aux technologies actuelles que l'île possède dans son sous-sol.

Accompagné de son épouse Brigitte, le président français est aussi venu renforcer la place de Paris dans l'océan Indien, en dépit de contentieux persistants hérités de la colonisation.

"Ces brûlures du passé ne consumeront en rien les liens qui nous unissent", a espéré M. Macron.

C'est la première visite bilatérale d'un président français dans l'ancienne colonie de 30 millions d'habitants depuis la venue de Jacques Chirac (1995-2007) en 2005.

La France, confrontée à une souveraineté contestée sur plusieurs de ses territoires et aux ambitions croissantes de la Chine et de la Russie dans cette partie du monde, entend consolider son statut de puissance régionale.

La question mémorielle

Madagascar revendique les îles Eparses tout comme les Comores revendiquent l'archipel de Mayotte. Ces deux territoires français occupent une position stratégique dans le canal du Mozambique, carrefour stratégique du transport maritime international et riche en hydrocarbures.

"Ces demandes de rétrocession, c'est un enjeu d'identité nationale, d'accès aux ressources et un moyen de pression pour obtenir autre chose" de la France, résume Denys-Sacha Robin, spécialiste en droit international de la mer à l'université Paris-Nanterre (France).

Au sujet des îles Eparses, une "réunion de la Commission mixte franco-malgache" dédiée doit avoir lieu le 30 juin à Paris, ont annoncé les deux chefs d'État.

Paris privilégie une solution de type "cogestion", selon la présidence française. Des souverainistes malgaches souhaitent à l'inverse que le président Rajoelina remette la question de la rétrocession sur la table.

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La question mémorielle liée à la colonisation reste aussi au cœur  de la relation franco-malgache. M. Macron s'est ainsi engagé en faveur de la restitution de biens culturels.

Le crâne du roi Toera, décapité en 1897 par les troupes françaises et emporté comme trophée en France, ne sera toutefois pas restitué comme prévu à l'occasion de la visite.

Des descendants du roi s'opposaient à une restitution en avril, synonyme de malheur selon les traditions locales. La famille a demandé aussi que le tombeau du roi, récemment profané, soit restauré avant d'accueillir dignement les restes humains.

Antananarivo, Madagascar

Des habitants agitent des drapeaux à l'arrivée du président français Emmanuel Macron à Antananarivo, Madagascar, mercredi 23 avril 2025. 

AP Photo/Alexander Joe

Les Malgaches réclament des gestes mémoriels plus forts de Paris, comme la mise en place "d'une commission pour faire toute la lumière sur ce qu'on appelle les violences coloniales", relève Jeannot Rasoloarison, historien à l'université d'Antananarivo.

Le président français défendra jeudi l'intégration de Mayotte, bloquée par les Comores, à la Commission de l'océan Indien (COI), à l'occasion du cinquième sommet de l'organisation intergouvernementale dans la capitale malgache.

"La France tout entière a vocation à avoir sa place dans la COI", a martelé lundi M. Macron à Mayotte, alors que seul le département de La Réunion y est aujourd'hui représenté.