Madagascar : la nationalité française présumée du président Andry Rajoelina provoque une crispation politique

S'achemine-t-on vers une crise politique ? Des documents attestant de la naturalisation française du président Rajoelina en 2014 ont été publiés sur les réseaux sociaux. Or selon le code de la nationalité, l'acquisition volontaire d'une nationalité étrangère fait perdre la nationalité malgache. Andry Rajoelina, président sortant, pourrait ne pas se présenter à la prochaine présidentielle. Une plainte au pénal a été déposée par l’Association pour le droit et le développement de Madagascar. 

 

 

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Andry Rajoelina à la COP 26

Le président Andry Rajoelina durant la COP 26 à Glasgow.

 

 

Adrian Dennis/Pool Photo via AP
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C'est une bien mauvaise publicité pour Andry Rajoelina à quelques mois de la présidentielle. Un extrait du décret portant acquisition de la nationalité française d'Andry Rajoelina et signé par le Premier ministre français et le ministre français de l'Intérieur de l'époque (Jean-Marc Ayrault  et Manuel Valls) fait actuellement le tour du réseau social Facebook. C'est le cas également de la publication au journal officiel du décret sur sa naturalisation.

Selon le quotidien français Le Monde cette nationalité lui avait été accordée en échange de son retrait  de la scène politique quatre années après le coup de force qui lui avait permis d’accéder au pouvoir. Andry Rajoelina avait mené le mouvement de contestation aboutissant au départ de Marc Ravalomanana durant la crise politique de 2009.

C'est la fin d'un long flou et d'une longue interrogation. Andry Rajoelina a-t-il la nationalité française ? Cette question avait agité la scène politique malgache lors de l'élection présidentielle de 2018.

Voir : à neuf mois de la présidentielle, la Grande île face aux crises

Le code électoral est clair. Seul un citoyen de nationalité malgache peut se présenter à l'élection présidentielle. Cette interdiction est également inscrite dans l'article 46 de la Constitution. "Toute personne perd la nationalité malgache qui acquiert volontairement une nationalité étrangère."

L'opposition demande la destitution du président. Selon Maitre Hanitra Razafimanantsoa, députée de l'opposition, la confiance entre le président et le peuple amlagache est rompue. "En 2018 Lorsqu'il a déposé sa candidature (à l'élection présidentielle, il a sciemment dissimuler cette acquisition donc il a menti au peuple malgache, il a menti à tout le monde" juge-t-elle interrogée par TV5MONDE.

"Si les gens ont su au moment des élections ou avant les élections qu'il avait une autre nationalité, les résultats auraient été autrement", ajoute l'avocate et députée.

Contacté par RFI, la directrice de cabinet du président, Romy Voos Andrianarisoa estime que le débat sur la nationalité du président n'a pas lieu d'être. « Le président est né de père et de mère malgache. Il est Malgache."

Andry Rajoelina n'a pas réagi directement au fond de l'affaire. Mais devant ses partisans il a rappelé son appartenance au peuple malgache. "Personne ne peut enlever ni changer le sang malgache qui coule dans nos veines."

Andry Rajoelina pourra-t-il se présenter à la prochaine élection qui aura lieu en novembre ? Le parti de l'opposition HVM demande sa destitution et qu'une commission d'enquête parlementaire soit ouverte.

Le 29 juin, une plainte au pénal a été déposée par l’Association pour le droit et le développement de Madagascar. Elle pointe du doigt la perte de la nationalité malgache du président et les infractions qui en découleraient.