Fil d'Ariane
Après avoir déversé des pluies torrentielles pendant deux jours sur l'île de La Réunion, le puissant cyclone tropical Batsirai a touché Madagascar samedi 5 février au soir, selon la météo et les secours locaux, avec des rafales à 235 km/h faisant craindre des "dégâts importants et généralisés" sur la grande île de l'océan Indien.
Le cyclone a touché terre dans le district de Mananjary, plus de 530 km au sud-est de la capitale Antananarivo. "Batsirai a touché Mananjary vers 20H00, heure locale" (17H00 GMT), a déclaré le météorologiste Lovandrainy Ratovoharisoa. Quelque 90 minutes après l'arrivée de Batsirai, les autorités avaient dénombré près de 27 000 personnes ayant quitté leur foyer, a précisé Faly Aritiana Fabien, dont les services ont préparé nourritures, médicaments et sites d'hébergement.
Batsirai a touché terre "à 14 km au nord de la ville de Mananjary, au stade de cyclone tropical intense", avec un "vent de 165 km/h" et des rafales à "235 km/h", a confirmé Faly Aritiana Fabien, un responsable du Bureau national de gestion des risques et des catastrophes.
Les vent sont attendus "à plus de 200 voire 250 km/h en rafales au niveau du point d'impact", relève Météo France. Les vagues pourront atteindre de 10 à 15 mètres et les fortes pluies "pourront ensuite s'étendre sur une partie de la moitié sud de Madagascar".
Madagascar : le cyclone Batsirai devrait avoir un "impact considérable" selon l'ONU
Razafimahefa Etienne, agriculteur de Madagascar, s'inquiète déjà pour la nourriture. La famille aura de quoi tenir jusqu'à samedi. "Mais à partir de dimanche, on n'aura plus rien. On va essayer de trouver une autre solution mais s'il n'y a rien, on va manger des bananes", dit-il.
Assis en haut de sa maison, Tsarafidy Ben Ali, vendeur de charbon de 23 ans, leste les plaques en tôle ondulée du toit avec des sacs remplis de la terre de son jardin. "Les rafales de vent vont être très fortes. C'est pour ça qu'on renforce les toitures", explique-t-il à l'AFP. "Si jamais le temps empire, on partira", expliquent les habitants.
"Les équipes et les partenaires de la Croix-Rouge malgache sont en état d'alerte et déployées au sein des communautés, pour les prévenir de l'approche de la tempête, tandis que des stocks d'urgence sont déplacés pour en faciliter l'accès", a expliqué son secrétaire général Andoniaina Ratsimamanga.
L'île, déjà frappée par la tempête tropicale Ana en janvier, a été balayée dès vendredi par le vent et une pluie continue. Ana, qui avait aussi touché le Malawi, le Mozambique et le Zimbabwe, avait fait une centaine de morts - dont 56 à Madagascar - et des dizaines de milliers de sinistrés.
L'impact du cyclone Batsirai à Madagascar devrait être "considérable", y compris dans les zones qui se remettent encore de la tempête Ana, a mis en garde vendredi un porte-parole du Bureau de coordinations des affaires humanitaires (Ocha) de l'ONU, Jens Laerke.
Cyclone Batsirai : l'île de La Réunion en alerte rouge
La directrice du Programme alimentaire mondial (PAM) pour Madagascar, Pasqualina Di Sirio, a déclaré anticiper "une crise majeure" sur la grande île, où le cyclone pourrait toucher plus de 600.000 personnes, dont 150.000 déplacées. La Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) estime elle qu'environ 4,4 millions de personnes au total sont menacées d'une façon ou d'une autre.