Les villageois de Soamahamanina ne voulaient pas voir leur mine d'or exploitée par une société chinoise. Pendant cinq mois, ils ont manifesté tous les jeudis, jusqu'à ce 6 octobre, où les autorités ont annoncé officiellement le retrait des Chinois.
La tension était à son comble à Soamahamanina, 70 km à l'ouest d'Antananarivo, où quelques centaines, voire un millier de manifestants, étaient accueillis à coups de matraque et de gaz lacrymogènes par la police, et plusieurs personnes avaient été arrêtées. "Madagascar appartient au Malgaches, pas aux Chinois," lançait à l’époque un manifestant, avant d'en appeler à la solidarité de ses compatriotes. Médiatisés par la presse locale, et soutenus par l’opinion, les Malgaches ont fini par avoir gain de cause.
Terres sacrées
Les Chinois avaient obtenu une autorisation d'exploitation pour quarante ans, d'exploitation du sous-sol pour chercher de l'or notamment, mais ils n’avaient pas suffisamment dialogué avec les mineurs, reconnaissent les autorités. Les opposants avaient peur pour leur environnement, de la pollution de l'air et de l'eau, mais aussi pour leurs terres, que l'entreprise chinoise, peu à peu, tentent de racheter. Certains villageois avaient, certes, accepté de louer leurs terres, mais beaucoup ne voulaient pas entendre parler du projet minier et demandaient qu'on leur rende leurs terres, héritées des ancêtres et sacrées.
Ce retrait a eu lieu « dans l'intérêt de tous pour assurer la stabilité de la zone », expliquait le lendemain le ministre des Mines, Ying Vah Zafilahy, à nos confrères de RFI le problème est « que l’affaire ait été politisée alors que les procédures légales avaient toutes été respectées ». Il promet d'en tirer des leçons et d'inclure plus de données sociales dans le futur code minier. Une loi très attendue depuis déjà 2 ans.
Un départ sans contrepartie ?
Jusqu'à présent, les Chinois n'auraient pas obtenu de contrepartie à leur départ et seraient toujours en possession du permis d'extraction. Quant aux manifestants arrêtés, ils sont toujours incarcérés. Des réunions doivent avoir lieu pour décider justement des suites à donner, affirme le ministre Ying Vah Zafilahy, et toutes les parties concernées par l'affaire seront présentes.
Alors si la victoire est belle, elle n’est peut-être pas encore certaine et les mineurs restent vigilants.