Malawi : douze personnes, dont un prêtre catholique, condamnées pour le meurtre d'un albinos

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Enfant albinos dans les bras de sa mère - Malawi
Edna Cedrick, 26 ans, tient sur ses genoux son fils albinos après que son jumeau lui ait été arraché des bras le 24 avril 2016, à Machinga, à queques 200 kilomètres de Blantyre, la capitale du Malawi. Son fils aîne de 9 ans a été kidnappé et décapité. Au moins 40 meurtres et 145 agressions ont été signalés au cours de la vague de violences ciblées contre les albinos que connaît le pays depuis 2014.
© AP Photo/Tsvangirayi Mukwazhi
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Un prêtre a été condamné à 30 ans de prison, le 27 juin par le tribunal de Blantyre, au sud du Malawi. Il a été reconnu coupable dans le meurtre d'un albinos, tué et démembré en 2018. 12 personnes au total ont été condamnées dont cinq à la réclusion à vie, notamment le frère de la victime.

Il pensait rencontrer sa future femme, mais il est tombé dans un piège. C'est comme ça que MacDonald Masambuka, 22 ans est mort, parce qu'albinos. Tué par des proches qui lui ont fait croire à un rendez-vous amoureux, puis démembré. Ses os ont été ensuite prélevés pour être vendus. Disparu le 9 mars de son village, son corps a été retrouvé le 2 avril 2018, enterré dans un jardin.

(RE)voir : Malawi : les Albinos victimes d'attaques

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Mais pour une fois, les coupables ont été appréhendés. Quatre ans après les faits, douze personnes au total ont été condamnées dans cette affaire.
Cinq, dont le frère de la victime qui avait monté le piège macabre, l'ont été à la prison à vie, soit la peine maximale.

Parmi les personnes arrêtées on trouve, selon le site d'information catholique pour l'Afrique, ACI Africa, un policier, un infirmier et un prêtre.

"Monsieur Macdonald a été trahi par ceux en qui il avait confiance, c'est-à-dire le frère, le prêtre, le policier et le travailleur hospitalier", a dit à l'AFP Steve Kayuni, le chef du parquet.

Le meurtre "était motivé par le handicap du défunt, à savoir l'albinisme", a déclaré la juge Dorothy NyaKaunda Kamangadu dans sa décision. "Il s'agit d'une violation du droit à la vie humaine, et de la plus grande violation du droit à la vie et à l'intégrité pour les personnes albinos", a-t-elle rajouté.

Au moins 40 meurtres et 145 agressions depuis 2014

Le prêtre catholique Thomas Muhosha, qui dirigeait la paroisse à laquelle est rattachée la ville de Machinga, à une centaine de kilomètres à l'est de Blantyre, a violé la "confiance" de la communauté, a fustigé la juge. 

Il a été reconnu coupable d'avoir voulu vendre des parties du corps.

Dans ce pays pauvre d'Afrique australe, les albinos sont cibles d'attaques. Des parties de leur corps sont utilisées dans des rituels de sorcellerie, la croyance voulant que cela apporte fortune et santé. Selon Ikponwosa Ero, militant et ancien rapporteur de l'ONU sur l'albinisme, le Malawi connait un "sérieux problème de sécurité pour les albinos".

(RE)lire : Malawi : les albinos en danger de mort

Au moins 40 meurtres et 145 agressions ont été signalés au cours de la vague de violences ciblées contre les albinos que connaît le pays depuis 2014.