Mali : 3 anciens ministres visés par un mandat d'arrêt prêts à se présenter devant la justice

Trois anciens ministres au Mali, s'affirment prêts à se présenter devant la justice sous certaines conditions. Ils sont visés par un mandat d'arrêt international pour "crime de faux, usage de faux et atteinte aux biens publics" dans une affaire d'achats d'équipements militaires remontant à 2015.
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Le Colonel Assimi GoÏta
Le Colonel Assimi GoÏta chef de la junte au pouvoir au Mali en août 2022. La Cour suprême du Mali a lancé un mandat d'arrêt international contre quatre ex-responsables dont trois anciens ministres, pour "crime de faux, usage de faux et atteinte aux biens publics" dans une affaire d'achats d'équipements militaires en 2015, le 29 juillet 2022.
 
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Deux anciens ministres des Finances, Boubou Cissé et Mamadou Igor Diarra, et leur ex-collègue de la Défense, Tieman Hubert Coulibaly, sont concernés par ce mandat d'arrêt daté du 25 juillet et annoncé le 29 juillet par la Cour suprême du Mali. L'ex-directeur de la Banque malienne de solidarité (BMS, publique), Babaly Bah, est également visé.

Ils sont cités dans l'attribution par les autorités maliennes d'un marché de 60 millions de dollars à la société sud-africaine Paramount, pour l'achat de véhicules blindés dont une partie n'a pas été livrée, a indiqué une source judiciaire à l'AFP.

Le mandat d'arrêt est daté du 25 juillet, selon le texte.

Il "fait suite à l'ouverture par la chambre d'instruction de la Cour suprême du Mali d'une information judiciaire sur les faits qualifiés de crime de faux et d'usage de faux, d'atteinte aux biens publics et de complicité de ces infractions, faits liés à l'affaire du marché public dit Paramount", indique le communiqué de la Cour suprême.

Ce marché "s'inscrit dans la mise en oeuvre de la loi d'orientation et de programmation militaire ainsi que de la loi de programmation pour la sécurité intérieure", selon la même source.
 
Marauder blindé Paramount
Un véhicule blindé Marauder Paramount similaire à ceux achetés par le Mali en 2015.
© Group Paramount

Les faits présumés sont survenus en 2015 sous la présidence d'Ibrahim Boubacar Keïta, désormais décédé.

L'ancien ministre Mamadou Igor Diarra affirme que lors de son dernier séjour au Mali en mars, il s'est "spontanément rendu auprès de certaines autorités afin de leur notifier (sa) disponibilité sur tout dossier" judiciaire le concernant, dans un communiqué transmis mercredi à l'AFP. Mamadou Diarra, actuellement responsable en Afrique centrale de Boa Groupe, filiale du groupe bancaire marocain Bank of Africa BMCE, dit avoir "décidé de confier la défense de (ses) intérêts à (ses) conseils".

Dans un communiqué en date du 1er août, l'ancien ministre Boubou Cissé se dit "déterminé à laver (son) honneur". Il affirme qu'"au moment de la conclusion de ce marché en octobre 2015", il était en charge du ministère des Mines, "donc étranger à la conclusion de ce marché".

Boubou Cissé ajoute n'avoir "jamais cherché à fuir (ses) responsabilités ou à échapper à (ses) devoirs de justiciable pour autant que la justice de notre pays demeure indépendante et impartiale".

Toujours dans un communiqué publié le 1er août, l’ex-ancien ministre Tièman Hubert Coulibaly affirme que "si la justice malienne devait rechercher à situer ma responsabilité dans le cadre d'une quelconque information judiciaire, elle a la latitude de procéder au moyen d'une commission rogatoire à laquelle je m'engage à répondre prestement".

En mars, l'ancien Premier ministre d'Ibrahim Boubacar Keïta, Boubèye Maïga, était mort en détention dans une affaire de fraude présumée, malgré les alertes lancées par sa famille sur la dégradation de son état de santé.

RE(voir) : Mali : Soumeylou Boubeye Maïga, l'ex-premier ministre malien, incarcéré à Bamako
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Il était soupçonné essentiellement dans le cadre de l'achat en 2014, alors qu'il était ministre de la Défense, d'un avion présidentiel pour un montant de 20 milliards de francs CFA (environ 30,5 millions d'euros). Une acquisition épinglée par le Bureau vérificateur général (BVG), autorité malienne indépendante qui a dénoncé des pratiques de surfacturation, de détournement de fonds publics, de fraude, de trafic d'influence et de favoritisme.