Mali-Algérie : les ambassadeurs rappelés par leurs autorités respectives

Les ambassadeurs des deux pays ont été respectivement rappelés par leurs autorités. Une "ingérence" d'Alger dans les "affaires intérieures" maliennes est pointée du doigt par Bamako.
 

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Le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop participe à une réunion avec son homologue russe Sergei Lavrov à Moscou, Russie, le 20 mai 2022.

Le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, lors d'une réunion avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, à Moscou, Russie, le 20 mai 2022.

Yuri Kadobnov (AP)
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L'ambassadeur du Mali en Algérie a été rappelé vendredi 22 décembre pour consultation à Bamako par "principe de réciprocité", selon un communiqué transmis par le ministère malien des Affaires étrangères, alors que la tension s'est accrue cette semaine entre les deux pays.

Aucune information n'était disponible, dans l’après-midi du vendredi, sur un rappel dans son pays de l'ambassadeur d'Algérie à Bamako. Deux jours plus tôt, ce dernier a été convoqué par le ministère malien des Affaires étrangères pour des "actes inamicaux" et "une ingérence" d'Alger dans "les affaires intérieures" du Mali, selon la diplomatie malienne.

Il lui est notamment reproché des réunions avec des séparatistes touareg sans associer les autorités maliennes. Cette convocation est également arrivée après la réception à Alger, mardi 19 décembre, par le président Abdelmadjid Tebboune, d'une importante figure religieuse et politique malienne, l'imam Mahmoud Dicko. Celui-ci demeure l'un des rares à oser exprimer ouvertement ses désaccords avec la junte au pouvoir depuis août 2020.

Mahmoud Dicko
L'imam Mahmoud Dicko dirige la prière pour ceux qui ont perdu la vie lors de manifestations qui ont dégénéré à Bamako, au Mali le 28 août 2020.
AP/ Baba Ahmed

Bamako a convoqué l'ambassadeur d'Algérie "pour élever une vive protestation" du Mali "suite aux récents actes inamicaux posés par les autorités algériennes, sous le couvert du processus de paix au Mali", selon un communiqué du ministère.

Principal médiateur

L'Algérie est le principal pays médiateur pour le retour de la paix dans le nord du Mali à la suite d'un accord signé en 2015 entre le gouvernement malien et des groupes armés à dominante touareg, dit accord d'Alger. Cet accord est sérieusement mis à mal depuis la reprise des hostilités, fin août 2023, entre ces groupes rebelles et l'armée malienne, après huit ans d'accalmie.

En réponse, le chef de la diplomatie algérienne a souligné que le mercredi 13 décembre, l'Algérie a appelé, à travers un communiqué, "toutes les parties maliennes à renouveler leur engagement dans la mise en œuvre de l'Accord de paix et de réconciliation issu du processus d'Alger". Le lendemain, le 14, l'ambassadeur du Mali à Alger a lui aussi été convoqué par la diplomatie algérienne.

Le chef de la diplomatie algérienne, Ahmed Attaf, a rappelé à l'ambassadeur du Mali, que "toutes les contributions de l'Algérie à la promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité au Mali ont toujours reposé sur trois principes cardinaux dont elle n'a jamais dévié", selon un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères. Ces principes sont "l'attachement intransgressible de l'Algérie à l'intégrité territoriale, à la souveraineté et à l'unité nationale du Mali", "la voie pacifique" pour "garantir la paix au Mali" ainsi que "la réconciliation (...) sans exclusion".

Le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, est en visite les 22 et 23 décembre au Maroc, avec qui Alger a rompu ses relations diplomatiques en août 2021. Alger l’a justifié par une série d'"actes hostiles" de son voisin, concernant en particulier le territoire disputé du Sahara occidental et la normalisation avec Israël.