Mali : Bamako ne va pas cesser de travailler avec la Russie
Le chef du gouvernement malien a donné une fin de non recevoir à la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock qui lui demandait de cesser de collaborer avec les Russes.
Annalena Baerbock, ministre des Affaires étrangères allemande, ici lors du sommet à Luxembourg le 11 avril 2022 où elle annonçait son prochain voyage au Mali.
Après une rencontre avec le colonel Assimi Goïta, la ministre des Affaires étrangères allemande Annalena Baerbock a exprimé devant des journalistes la crainte de "crimes de guerre massifs" contre les populations civiles maliennes, suivant un "schéma" observé selon elle de la part des forces russes en Syrie ou en Ukraine.
Son homologue malien Abdoulaye Diop a demandé en sa présence qu'on se garde de tout "amalgame" et affirmé la nécessité de respecter les choix de son pays.
"Le Mali souhaite travailler avec l'ensemble de ses partenaires, y compris l'Allemagne, la Russie, la Chine, les États-Unis", a déclaré le chef de la diplomatie malienne.
La ministre des affaires étrangères allemande a invoqué la décision annoncée le 11 avril par l'Union européenne "d'arrêter" ses missions de formation et d'entraînement de l'armée et de la garde nationale au Mali. Quelque 300 soldats allemands participent à la Mission de formation de l'Union européenne (EUTM).
"Nous ne pouvons poursuivre la coopération sans démarcation d'avec les forces russes", a insisté la ministre allemande qui n’a pas hésité à dire que le président russe Vladimir "Poutine mène contre l'Ukraine une grave guerre d'agression contraire aux droits des peuples".
"Il ne faut pas confondre les choses", lui a répondu Abdoulaye Diop. "Le Mali n'est pas impliqué par rapport à ce qui se passe" en Ukraine, "mais je crois qu'il ne faut pas faire trop d'amalgame à ce niveau : la situation du Mali est la situation du Mali et nous souhaitons que chaque partenaire du Mali aussi respecte les choix du Mali", a-t-il insisté.
Le Mali, plongé depuis 2012 dans une crise sécuritaire profonde malgré le soutien de forces étrangères et gouverné depuis 2020 par des militaires arrivés au pouvoir par la force, s'est détourné ces derniers mois de la France et de ses partenaires européens, et tourné vers la Russie.
Français et Européens dénoncent le recours fait selon eux par Bamako aux services de la société de sécurité privée russe Wagner, aux agissements controversés. La junte dément et parle de coopération d'État à État avec la Russie.
"Le Mali n'abrite pas de société de sécurité privée comme cela est allégué ici et là. Le Mali a une coopération d'État à État avec la Russie et une coopération de long terme", a répété Abdoulaye Diop.