Mali : Choguel Maïga persiste à accuser la France "d'abandon"
Dans un long entretien accordé au Monde-Afrique, le Premier ministre malien Choguel Kokalla Maïga dénonce un "abandon en plein vol" de la France en évoquant la décision de retirer la force Barkhane du Mali.
Le Premier ministre du Mali Choguel Maïga lors de la 76ème assemblée générale de l'ONU, le 25 septembre 2021, accuse la France "d'abandon en plein vol".
"Les faits sont que le Mali a demandé à la France de l'aider à détruire le terrorisme et à recouvrir l'intégralité de son territoire. Près de neuf ans après, que constatons-nous ? Le terrorisme qui était confiné à Kidal - bastion des rebelles touaregs, NDLR) s'est étendu à 80% de notre territoire", a-t-il déclaré au quotidien Le Monde.
Barkhane a décidé de "se concentrer sur le Liptako", dans l'Est du Mali, où l'EIGS (Etat islamique au Grand Sahara) est actif, quand "le groupe le plus dangereux pour l'Etat malien, c'est le GSIM (Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans, proche d'Al-Qaïda)" dans le Nord, a-t-il déploré.
"Pendant qu'Al-Qaïda multiplie ses attaques, notre principal allié, en tout cas celui que nous croyions l'être, décide de quitter sa zone d'influence pour se concentrer sur les trois frontières. N'est-ce pas de l'abandon en plein vol ? Nous sommes en train de chercher des solutions", a-t-il martelé reprenant les termes qu’il avait déjà prononcés lors de son discours à l’Assemblée générale de l’ONU en septembre dernier.
Le 26 septembre, Choguel Maïga dénonçait l’abandon de la France et annonçait vouloir faire appel au groupe de mercenaires russes Wagner pour remplacer la force Barkhane. "C'est une honte", avait tonné le président Emmanuel Macron au lendemain de la cérémonie d’hommage au caporal-chef Maxime Blasco, mort au Mali.
Face à cette situation, le gouvernement malien, qui "a bien compris que s'il ne compte que sur un seul partenaire, (...) pourra à tout moment être abandonné", en "cherche d'autres". Le Premier ministre dément toutefois des discussions avec le groupe privé russe Wagner, qu'il a qualifiées de "rumeurs".
Présent, entre autres, en Libye et en Centrafrique, où il est accusé d'exactions depuis le printemps, le groupe Wagner est soupçonné, notamment par Paris, d'agir pour le compte du Kremlin là où ce dernier ne veut pas apparaître officiellement.
La France, l'Allemagne ou l'Estonie ont d'ores et déjà averti qu'elles réexamineraient leur présence militaire au Mali si un accord était conclu entre Bamako et Wagner.
Choguel Kokalla Maïga a par ailleurs prévenu que le calendrier des élections présidentielle et législatives, prévues le 27 février 2022, ne devrait pas être respecté, autre point de friction entre une partie de la communauté internationale et ce gouvernement malien issu d'un coup d'état militaire. "Quelques semaines ou quelques mois de décalage, ce n'est pas la fin du monde pour un pays en crise depuis dix ans", a-t-il justifié.