La région de Gao dans le nord du Mali est à l'arrêt depuis le 8 novembre après un appel des syndicats et d'organisations de la société civile. Ces organisations protestent contre la dégradation de la situation sécuritaire de cette zone en proie aux attaques djihadistes, selon des témoignages d'habitants et d'élus locaux à l'AFP.
Les syndicats de la région de Gao ont appelé à un arrêt de travail de 48 heures les 8 et 9 novembre pour protester contre
"l'insécurité grandissante" et
"l'inaction du gouvernement".
Dans la ville de Gao, l'administration, la gare routière, les marchés étaient fermés le matin du 8. La circulation était très réduite, ont assuré à l'AFP des élus locaux et des habitants contactés par téléphone.
"la fin de rackets"
Les trois centrales syndicales signataires exigent
"une riposte sécuritaire",
"le rappel à l'ordre de certains agents des forces de sécurité qui s'adonnent à des dérives d'intimidation et de racket non justifiés" et
"la fin de l'ingérence de certaines personnalités dans les dossiers judiciaires des délinquants mis aux arrêts".
(RE)lire : Mali: le groupe État Islamique a massacré des centaines de villageois dans le nord-est Dans la ville d'Ansongo, à une centaine de kilomètres au sud, des organisations de la société civile avaient annoncé leur intention de mener des actions de désobéissance civile les 8 et le 9, telles que le refus de payer des taxes ou le blocage des voies d'accès à la ville. Elles étaient très suivies mardi 8, selon des habitants.
Interrogé par l'AFP sur ces journées de
"désobéissance civile", un responsable du ministère malien de l'Administration territoriale n'a pas souhaité commenter,
"pour le moment".
Selon l'ONU, la situation dans la région
"s'est considérablement dégradée" depuis le début de l'année 2022, notamment à cause de la recrudescence des attaques terroristes et l'expansion du groupe État islamique.
Appel aux Touaregs à se battre contre l'EI
Il y a quelques jours, le général El Hadj Ag Gamou, figure majeure du conflit malien engagée dans les combats contre l'organisation État islamique au Grand Sahara (EIGS, affilié à l'EI), a appelé tous les Touaregs à se battre contre l'EI. Dans un message en langue tamashek, authentifié par l'AFP, il
"donne dix jours à tous les jeunes Touaregs d'Algérie, Libye et d'ailleurs pour rejoindre les environs de Gao". (RE)lire : Mali: une alliance de groupes Touaregs et nationalistes arabes du nord dénonce "la mauvaise foi" de la junte El Hadj Ag Gamou est l'un des leaders d'un groupe armé pro-gouvernement, le Groupe d'autodéfense touareg Imghmad et alliés (GATIA), tout en restant officiellement général de l'armée nationale. L'EIGS multiplie depuis mars les offensives dans les immenses régions de Gao et Ménaka.
La communauté touareg est composée de dizaines de sous-communautés nomades établis dans le Sahara entre plusieurs pays, principalement au Mali, en Algérie, au Niger, et en Libye.
En 2012, des groupes armés indépendantistes à majorité composés de combattants touareg ont déclaré indépendant un territoire du nord du Mali, qu'ils ont appelé Azawad, avant d'abandonner leurs velléités indépendantistes en signant trois ans plus tard un accord de paix avec Bamako.
(RE)lire : Mali : l'accord d'Alger ne convainc pas Kidal D'autres ont rejoint la nébuleuse djihadiste d'Al-Qaïda, aujourd'hui dirigé par Iyad Ag Ghali, lui-même Touareg.
Pas de réaction de la junte
Lundi 7 novembre, la junte au pouvoir n'avait ni réagi aux propos du général Gamou ni à l'appel des syndicats.
Près de Gao, l'État a une très faible présence et la population, principalement des nomades vivant dans des campements éparpillés dans le désert, sont prises entre deux feux, victimes de massacres et de représailles parce que soupçonnées de pactiser avec l'ennemi, ou privées de moyens de subsistance.
(RE)voir : Mali : Ménaka face au groupe État islamique
Une grande partie d'entre eux s’est repliée dans les villes de Gao et d'Ansongo dans l'espoir d'y trouver refuge.