Fil d'Ariane
Après un mois de consultation, les participants aux Assises nationales de la refondation au Mali ont recommandé une prolongation de la transition pour une période de "6 mois à 5 ans", sans trancher. Une décision contraire aux exigences de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao). Mohamed Amara sociologue et auteur de Marchands d'angoisses, Le Mali tel qu'il est, tel qu'il pourrait être, nous livre son analyse. Entretien.
Pourtant, la maîtrise de la question sécuritaire reste le défi majeur du pouvoir actuel. Comment, dans ce laps de temps, peut-il ramener la sécurité sur l'ensemble du territoire, c'est-à-dire la restauration de l'État, la sécurisation de personnes et des biens ?
Selon moi, un pouvoir de transition aura du mal à régler cette question. D’une part, il ne pourra pas le relever tant qu'il n'y aura pas un compromis général entre les Maliens, entre ceux qui soutiennent la transition et ceux qui ne la soutiennent pas. D’autre part, la question n'est pas que malienne, elle est sahélienne, elle est géopolitique.
Je ne pense pas que les autorités actuelles aient la capacité à faire régner la sécurité sur le pays.
Mohamed Amara, sociologue
Dans le volet des mesures sécuritaires, les participants aux Assises nationales ont pris la décision d’intégrer les groupes d'auto-défense, milices, au pouvoir malien. À quelles conditions ces groupes d’auto-défense accepteraient-ils de déposer les armes ? Cela veut-il dire qu’ils intègreraient l'armée nationale ? Est-ce que l'État est en mesure de le faire sachant qu'il y a un bras de fer entre les autorités de la transition et les autres partenaires, comme la France, la Russie ?
Encore une fois, je ne pense pas que les autorités actuelles aient la capacité à faire régner la sécurité sur le pays. Je ne dis pas qu'elles n'ont pas la volonté de le faire mais elles n'ont pas les ressources, les moyens, la vision nécessaire.
TV5MONDE : En quoi ces Assises se différencient des précédentes concertations sur le sujet ?
Mohamed Amara : Elles ne se différencient pas de façon majeure des différentes concertations qui ont eu lieu.
Comme nous l’avons vu précédemment, toute la population malienne n’est pas représentée. Or, l’enjeu des Assises actuelles, c'est la question de la représentativité de la participation. Pour une partie des Maliens, il n'y a pas eu de vrais débats.
Ensuite, ces Assises, comme d’autres par le passé, n’apportent de vision claire sur l’avenir des Maliens. Les conclusions rendues laissent placer une sorte de flou qui contribue à fragiliser le Mali, à fragiliser le pouvoir.
À (re)voir : réactions après les Assises nationales