Fil d'Ariane
La junte malienne n'a pour seuls "partenaires" que les mercenaires du groupe russe Wagner, a estimé ce 1er février le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian devant l'Assemblée nationale. Le chef de la diplomatie française a ajouté que la lutte antidjihadiste se poursuivrait au Sahel avec les "autres pays" de la région.
"L'isolement du Mali est tel aujourd'hui qu'il a comme seuls partenaires les mercenaires de Wagner", a lancé le ministre français des Affaires étrangères, sous un feu de questions à l'Assemblée nationale quant à un possible retrait militaire français du Mali.
Le régime de Bamako "porte en germe une perte de souveraineté" du Mali, a renchéri le Premier ministre français Jean Castex, dénonçant "une junte qui ne cesse de multiplier à la fois les provocations et l'isolement du pays lui-même".
Depuis la décision des autorités maliennes de renvoyer l’ambassadeur de France au Mali, le ton est monté entre Bamako et Paris.
"Ce n'est pas un événement dû à l'illégitimité d'un gouvernement de coup d'État qui va nous faire enrayer notre lutte contre le terrorisme", a asséné Jean-Yves Le Drian, réitérant ses propos sur le caractère "illégitime" de la junte à l'origine, selon Bamako, de l'expulsion de l'ambassadeur.
"Le combat contre le terrorisme se poursuivra au Sahel, avec l'accord des autres pays de la région et en soutien des pays du golfe de Guinée", également menacés par le djihadisme, a-t-il ajouté, ouvrant un peu plus la porte à un retrait de la force française antidjihadiste Barkhane du Mali.
Face à une junte hostile, qui menace aussi de dénoncer les accords de coopération militaire bilatéraux, la France s'est donné deux semaines pour envisager son avenir au Mali avec ses partenaires européens du groupement de forces spéciales Takuba.
Le député français Jean Lassalle, candidat déclaré à la présidentielle (mouvement "Résistons"), a qualifié l'expulsion de l'ambassadeur de "camouflet diplomatique". "Il en va de notre crédibilité sur la scène internationale", a-t-il lancé.
"Malgré le courage de nos soldats au Sahel, l'armée française a échoué", a affirmé pour sa part l'élu communiste Jean-Paul Lecoq en appelant à un retrait des Français. "Les coups d'État semblent moins contestés que la présence française" au Mali, a-t-il ajouté. "On dirait le porte-parole de la junte", lui a répondu, cinglant, Jean-Yves Le Drian, qui supervisa l'intervention militaire au Mali en 2013 lorsqu'il était ministre de la Défense.