Mali : la Cédéao demande le "rétablissement" du président Keïta

La Minusma annonce ce vendredi 21 août que des représentants de l'ONU ont eu accès au président Keïta et aux autres détenus de la junte. Les chefs d'Etat de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) ont appelé, jeudi 20 août, lors d'un sommet extaordinaire, au "rétablissement" d'Ibrahim Boubacar Keïta en tant que président du Mali. "Une délégation de haut niveau" a immédiatement été dépêchée sur place "pour assurer le retour immédiat de l'ordre constitutionnel", ont-ils annoncé.

 
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Cedeao-sommet-Mali
Le chef de l'État du Niger, Mahamadou Issoufou, qui assure la présidence de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) lors de la réunion virtuelle de l'organisation ce jeudi 20 août 2020.
Capture d'écran du compte Facebook de la Présidence de la République du Niger
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Les pays voisins du Mali ont réclamé, jeudi, le « rétablissement » du président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, renversé, mardi, par un coup d'Etat. Ils ont aussi décidé d'envoyer « immédiatement » une délégation à Bamako, à l'issue d'un sommet extraordinaire des chefs d'Etat de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) sur "la situation au Mali".

« Nous demandons le rétablissement du président Ibrahim Boubacar Keïta en tant que président de la République » du Mali, a déclaré le chef de l'Etat nigérien, Mahamadou Issoufou, qui assure la présidence de la Cédéao, à la fin de ce sommet virtuel. « Nous décidons de dépêcher immédiatement une délégation de haut niveau pour assurer le retour immédiat de l'ordre constitutionnel », a-t-il ajouté. 

« Le Mali est dans une situation critique, avec des risques graves qu'un affaissement de l'Etat et des institutions n'entraîne des revers dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé, avec toutes les conséquences pour l'ensemble de notre communauté. C'est dire que ce pays a plus que jamais besoin de notre solidarité », a poursuivi le président nigérien, rappelant aux putschistes « leur responsabilité sur la sûreté et la sécurité du président Ibrahim Boubacar Keita et des officiels arrêtés ».
 La Cédéao va mener des discussions et « faire comprendre aux responsables de la junte militaire que les temps de prise de pouvoir par la force sont révolus dans notre sous-région », a abondé le M. Issoufou, demandant « la mise en oeuvre immédiate d'un ensemble de sanctions contre tous les militaires putschistes et leur partenaires et collaborateurs ».

La Cédéao a d'ores et déjà condamné le putsch ayant renversé le président Keïta et suspendu le Mali de ses organes de décision.

Militaires au pouvoir

Le président Keïta, dit "IBK", élu en 2013 puis réélu en 2018 pour cinq ans, faisait face depuis des mois à une contestation sans précédent depuis le coup d'Etat de 2012.
Il a été arrêté par des militaires putschistes avec son Premier ministre Boubou Cissé et d'autres hauts responsables, parmi lesquels le ministre de la Défense et celui de la Sécurité, les généraux Ibrahima Dahirou Dembélé et M'Bemba Moussa Keïta, le président de l'Assemblée nationale Moussa Timbiné et le chef d'état-major de l'armée, le général Abdoulaye Coulibaly. Tous étaient toujours détenus jeudi à la mi-journée.

IBK a été contraint d'annoncer sa démission et la dissolution de l'Assemblée nationale et du gouvernement dans la nuit de mardi à mercredi. 
 
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Les militaires, pour la plupart des hauts gradés, ont annoncé dans la foulée que le pays était dorénavant dirigé par un Comité national pour le salut du peuple (CNSP), avec à sa tête un colonel, Assimi Goïta, et a promis d'organiser des élections dans un "délai raisonnable".
 

"Fêter la victoire du peuple malien"

Ces dernières semaines, la Cédéao avait échoué a résoudre la crise opposant, depuis les législatives contestées de mars-avril, IBK au "Mouvement du 5-Juin" (M5), une coalition hétéroclite d'opposants politiques, de religieux et de membres de la société civile.

L'organisation ouest-africaine avait réclamé un gouvernement d'union nationale mais fait du départ forcé du président Keïta une "ligne rouge".

Le M5 s'est félicité du putsch et s'est dit prêt à élaborer avec la junte une transition politique. Il compte organiser vendredi de grands rassemblements pour "fêter la victoire du peuple malien".

A l'instar de l'ONU, de la France ou des Etats-Unis, l'ONG Amnesty international a appelé jeudi les auteurs du coup d'Etat à libérer immédiatement les personnalités arrêtées et réclamé une enquête sur la mort par balles de quatre personnes lors des événements de mardi, alors que la junte affirme qu'il n'y a eu aucune victime.

La communauté internationale a unanimement condamné le coup d'Etat, bien que les mutins aient assuré que les forces de l'ONU, françaises et ouest-africaines présentes au Mali; demeuraient leurs "partenaires" et respecteraient à l'accord de paix signé en 2015 entre Bamako et les groupes armés du Nord du pays.