Mali: la France, les États-Unis, et l'Algérie font pression sur la junte militaire pour un retour rapide des civils au pouvoir

La France, l'Algérie et les États-Unis emboîtent le pas à la Cédéao. Ces trois pays exigent que la junte malienne se plie à l'exigence d'un retour rapide de la société civile au pouvoir, écartée depuis les deux putschs du colonel Assimi Goïta en 2020 et 2021. Mais la Russie et la Chine ont bloqué mardi 11 janvier l'adoption d'un texte du Conseil de sécurité de l'ONU, soutenant les sanctions décidées par la Cédéao contre la junte au Mali.
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Mali et Cedeao
Le Colonel Assimi Goïta appelle les maliens au rassemblement. Bamako (Mali), le 22 août 2020.
 
AP Photo, File)
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La junte, de son côté, tente de rallier les Maliens et les appelle à manifester ce vendredi contre les sanctions infligées par la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest.

La Cédéao a décrété dimanche 9 janvier la fermeture des frontières avec le Mali et un embargo commercial et financier, sanctionnant durement le projet de la junte de continuer à diriger le pays pendant plusieurs années.

L'effet de ces mesures de rétorsion sur la junte, mais aussi sur la population, ajoutent à l'incertitude des lendemains dans un pays au coeur de l'instabilité sahélienne, théâtre de deux putschs depuis 2020.

La France et les États-Unis, importants partenaires du Mali, ont pris le sillage de la Cédéao. Le président Emmanuel Macron a assuré que la France et l'Union européenne, dont son pays assure la présidence tournante, soutenaient la "position très claire et ferme" de la Cédéao face aux "dérives de la junte". "Les Européens se préparent à renforcer à leur tour leurs sanctions", a-t-il dit.

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Blocage de la Russie et de la Chine 

Mais un texte du Conseil de sécurité de l'ONU soutenant les sanctions de la Cédéao, proposé par la France, a été bloqué mardi 11 janvier par la Russie et la Chine.

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a quant à lui accusé mardi les mercenaires du groupe russe Wagner de "soutenir" la junte au pouvoir au Mali sous couvert de lutte antijihadiste.

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Ce qui se passe au Mali est une véritable fuite en avant de la junte au pouvoir qui, au mépris de ses engagements, souhaite confisquer le pouvoir pendant des années et priver le peuple malien de ses choix démocratiques.

Jean-Yves le Drian, ministre français des Affaires étrangères
Les États-Unis soutiennent également les sanctions ouest-africaines, a dit leur ambassadrice à l'ONU, Linda Thomas-Greenfield, lors d'une réunion du Conseil de sécurité. "Un délai de cinq années, comme l'ont demandé les colonels pour passer la main aux civils, prolonge la douleur des Maliens, plongés dans une profonde crise sécuritaire et politique depuis le déclenchement d'insurrections indépendantiste et jihadiste en 2012."

L' Algérie appelle la junte à une attitude responsable

Le voisin algérien, autre allié primordial, a encouragé les militaires maliens à "une attitude responsable et constructive". Le président algérien Abdelmadjid Tebboune juge "raisonnable et justifiable une période de transition d’une durée ferme de douze à seize mois".

Les autorités maliennes font, elles, se drapent dans la défense de la patrie et de sa souveraineté, autour desquelles elles exhortent au ralliement. Le colonel Assimi Goïta, porté à la tête du Mali par un premier coup d'Etat en août 2020 et intronisé président "de la transition" à la suite d'un second en mai 2021, s'est adressé aux Maliens lundi soir, dans un discours à la Nation.
 

L’heure est au rassemblement de tous les Maliens sans exclusive pour réaffirmer nos positions de principe et défendre notre patrie.

Colonel Assimi Goïta, chef de la junte au pouvoir
Le colonel Goïta et le gouvernement ont à nouveau fustigé les décisions de la Cédéao, au "caractère illégitime, illégal et inhumain" selon le chef de la junte.

L'embargo imposé par la Cédéao, hors produits de première nécessité, suscite la crainte de l'inflation et de la pénurie dans un pays pauvre et enclavé, éprouvé par les violences de toutes sortes et la pandémie de Covid-19.

Le gouvernement a accusé la Cédéao de s'être laissée "instrumentaliser par des puissances extra-régionales", référence claire à certains partenaires internationaux aux premiers rangs desquels la France, engagée militairement au Sahel mais avec laquelle les relations se sont sérieusement dégradées depuis 2020.

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Le chef de la junte se dit ouvert au dialogue avec la Cédéao

Jusqu'à ce mardi 11 janvier, très peu de voix significatives s'étaient élevées, au Mali même, pour critiquer la junte. Une coalition de partis maliens, le Cadre d'échange, a rompu cette réserve en faisant porter à la junte "la seule et l’unique responsabilité" des sanctions. Pour le moment, les réelles intentions de la junte sont inconnues.

"Le Mali reste ouvert au dialogue avec la Cédéao pour trouver un consensus", a déclaré le colonel Goïta. Mais ni lui ni le gouvernement n'ont pour le moment offert de perspective de sortie de crise. Le gouvernement a au contraire dit son intention d'élaborer "un plan de riposte".

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En 2020, les colonels s'étaient engagés à rendre les commandes aux civils au bout de 18 mois. Ils disent à présent ne pas être en mesure de respecter l'échéance prévue du 27 février 2022 pour organiser des élections.

Ils invoquent l'insécurité persistante dans le pays et la nécessité de réformes préalables pour que les élections ne souffrent pas de contestations, à l'instar des précédentes.