Fil d'Ariane
Une délégation ouest-africaine, conduite par l'ex-président nigérian Goodluck Jonathan, est attendue samedi à Bamako, où elle sera reçue "avec plaisir" par la nouvelle junte.
Goodluck Jonathan sera accompagné du président de la Commission de la Cédéao, Jean-Claude Kassi Brou, et du ministre des Affaires étrangères du Niger, Kalla Ankourao,indique l'organisation à Bamako.
Cette délégation se rend à Bamako pour "aider à trouver des solutions" après la prise de pouvoir mardi par des militaires, a indiqué vendredi une source de la Cédéao dans la capitale malienne. "Nous recevrons avec plaisir la délégation de la Cédéao (...) Il est important de discuter avec nos frères", a déclaré à l'AFP un responsable de la junte.
Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta et les autres personnalités détenues par la junte au pouvoir au Mali, ont pu recevoir la visite de représentants de l'ONU, ce jeudi 20 août. C'est ce qu'a affirmé vendredi 21 août un responsable de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma).
"Nous avons autorisé une mission des droits de l'homme de l'ONU au Mali à rendre visite à tous les prisonniers de Kati, y compris l'ex-président Ibrahim Boubacar Keïta et l'ancien Premier ministre Boubou Cissé", a déclaré un responsable de la junte s'exprimant sous le couvert de l'anonymat.
Hier dans la soirée une équipe des #DroitsdelHomme de la MINUSMA s’est rendue à #Kati dans le cadre de son mandat de protection des droits de l’homme et a pu avoir accès au Président Ibrahim Boubacar Keita ainsi qu’aux autres détenus. #Mali
— MINUSMA (@UN_MINUSMA) August 21, 2020
"Nous avons libéré deux prisonniers, l'ancien ministre des Finances et de l'Economie Abdoulaye Daffé et Sabane Mahalmoudou", le secrétaire particulier du président, a ajouté cette source. "Il en reste 17 à Kati. C'est la preuve que nous respectons les droits de l'homme", a-t-il poursuivi.
Ce geste des militaires, qui assurent vouloir organiser une transition politique de courte durée, intervient alors que l'opposition appelle à de grands rassemblements ce vendredi après-midi à Bamako pour "fêter la victoire du peuple malien", trois jours après la chute du président Keïta, au pouvoir depuis 2013.
La veille, la junte qui a renversé mardi le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a annoncé qu'elle allait mettre en place "un président de transition", qui sera "un militaire ou un civil", selon son porte-parole dans une interview à la télévision France 24.
"On va mettre en place un conseil de transition avec un président de transition qui va être ou un militaire ou un civil. On est en contact avec la société civile, les partis d'opposition, la majorité, tout le monde, pour essayer mettre en place la transition", a affirmé le porte-parole de la junte, le colonel-major Ismaël Wagué.
"Cela va être une transition qui va être la plus courte possible", a dit le porte-parole, alors que le second mandat du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) devait s'achever en 2023. IBK a annoncé qu'il quittait ses fonctions dans la nuit de mardi à mercredi, alors qu'il était aux mains des putschistes.
Ce n'est "pas une histoire de 2023, 2022", il faut "finir cette transition le plus vite possible et nous on va retourner à autre chose", a dit le colonel-major, l'une des figures du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) qui dirige actuellement le pays.
"Je ne peux pas vous dire quand on va transférer le pouvoir aux civils parce qu'il faut mettre en place la transition".
Le porte-parole a réfuté que le président Keïta, qui avait affirmé n'avoir pas d'autre choix, a démissionné sous la contrainte. "Il n'avait pas le choix parce que lui-même a vu comment les gens souffraient. Ça ne veut pas dire qu'il n'avait pas de choix parce qu'on avait braqué des armes sur ses tempes", assuré le colonel-major.
Il a justifié une nouvelle fois l'intervention des militaires par l’existence d'un "blocage au niveau du pays" depuis longtemps.
"Une partie de la population souffrait. Au niveau même de la défense, il y avait beaucoup de dysfonctionnements dans l'armée. Les militaires n'étaient plus en mesure de faire leur missions régaliennes".
"Le niveau de corruption était trop élevé. Je vous dis clairement, je préfère éviter le mot coup d'État parce que ça n'en est pas un", a-t-il poursuivi.
Quant au sort de l'ex-dirigeant malien, "ce n'est pas à nous de le décider. (C'est au) système judiciaire de le décider. Ce n'est pas notre travail".
Il a par ailleurs déclaré que le CNSP "n'a aucun lien avec le M5", le mouvement de contestation, formé de chefs religieux, de la société civile et d'hommes politiques, qui réclamait depuis juin la démission du président Keïta et qui a salué l'intervention de l'armée.
Pour Mohamed Salia-Touré, membre du M5-RFP, le mouvement "n'avait aucun contact avec les militaires".
La junte militaire a également annoncé que les frontières aériennes et terrestres du Mali, fermées depuis le coup d'Etat mardi 18 août, allaient rouvrir dès vendredi 21, dans un bref communiqué lu à la télévision nationale ORTM.
"Le Comité national pour le Salut du peuple (CNSP) informe l'opinion nationale et internationale de la réouverture des frontières aériennes et terrestres à compter de ce vendredi 21 août à 00H00", indique ce communiqué, lu par le présentateur du journal de l'ORTM. "Le comité rassure les populations que toutes les mesures sécuritaires sont prises en vue d'assurer la bonne circulation des personnes et de leurs bien", a-t-il ajouté, sans plus de précision.