La Russie salue l’opération militaire récente à Moura où, selon l’armée malienne, plus de 200 djihadistes ont été tués. Via un communiqué, le ministère des Affaires étrangères russe parle "d'une victoire importante contre le terrorisme". Plusieurs témoignages, et l’ONG Human Rights Watch, font état de l'exécution en masse de civils.
"Les forces armées du Mali ont effectué une opération militaire réussie, lors de laquelle plus de 200 combattants islamistes ont été tués dans le village de Moura", déclare le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.
"On aimerait féliciter les Maliens pour cette victoire importante dans la lutte contre la menace terroriste", souligne le communiqué.
Pas d'implication de mercenaires russes
Le ministère russe a qualifié de
"désinformation" les allégations sur le massacre de civils dans ce village du centre de Mali, tout comme celles sur l'implication des mercenaires russes dans cette opération, en accusant l'Occident d'avoir
"mis en scène" une campagne visant à
"mettre l'accent sur la participation de Moscou dans des crimes de guerre".
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"Nous ne sommes pas indifférents au sort du peuple malien, nous sommes liés par des relations traditionnellement amicales avec ce pays", assure le communiqué du ministère russe des Affaires étrangères.
"Nous avons aidé nos amis maliens et nous allons continuer de le faire", ajoute-t-il.
La France veut une enquête de l'ONU
Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a mis en doute la version des autorités maliennes qui affirment avoir "neutralisé" 203 djihadistes à Moura.
"Les autorités de Bamako annoncent 200 terroristes tués, sans pertes civiles. J’ai du mal à croire, j’ai du mal à comprendre, j’ai du mal à accepter ces explications", a-t-il déclaré sur la chaîne France 5 ce vendredi. Et il a ajouté "Il faut une enquête des Nations unies et nous la demandons".
"C’est le rôle des Nations unies que de mener cette enquête (…) sauf qu’à l’heure actuelle ils n’ont pas le droit d'accéder à la zone du centre où ont été commises a priori ces exactions", a souligné le ministre des Affaires étangères français.
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L'armée malienne et des témoins interrogés par la presse ou l'ONG Human Rights Watch (HRW) offrent des versions diamétralement opposées sur les faits survenus entre le 27 et le 31 mars à Moura, dans une région qui est l'un des principaux foyers des violences sahéliennes.
Viols et actes de pillages
L'armée dit avoir
"neutralisé" 203 djihadistes lors d'une opération d'envergure. Les témoins cités rapportent une masse d'exécutions sommaires de civils, des viols et des actes de pillage commis par des soldats maliens et des combattants étrangers présumés être des Russes.
Selon l'ONG
Human Rights Watch un commerçant qui était venu au marché de Moura depuis un village voisin a raconté avoir été témoin de l’exécution de 19 hommes, dont deux de ses frères, sur une période de quatre jours, par des soldats blancs qu’il croyait être russes, en raison des informations diffusées à la radio et entendues autour de lui sur la présence de troupes étrangères au Mali.
Un autre groupe de Russes a pointé du doigt mes frères et un autre homme. Je pensais qu’ils allaient les interroger. Ils les ont emmenés plusieurs mètres plus loin et les ont exécutés à bout portant.
Témoignage recuilli par Human Rights Watch
"Mes deux frères et moi étions chez un ami, nous prenions le thé en attendant le début du marché quand nous avons entendu des coups de feu. Sept Russes se sont approchés en nous faisant signe de nous lever. Il n’y avait pas de soldats maliens avec eux. Ils nous ont fouillés, nous et la maison, puis ils nous ont emmenés à l’est du village, près de la rivière, où nous avons retrouvé une centaine d’autres hommes. [...] Un autre groupe de Russes a pointé du doigt mes frères et un autre homme. Je pensais qu’ils allaient les interroger. Ils les ont emmenés plusieurs mètres plus loin et les ont exécutés à bout portant. Les jours suivants, j’en ai vu d’autres, par groupes de deux ou trois, tués de la même façon... dix-neuf au total."