Fil d'Ariane
L'armée malienne affirme avoir interpellé "douze terroristes" lors d'une opération dans le nord-est du pays, où les djihadistes du groupe Etat islamique ont étendu leur contrôle. Cependant, l'ex-rébellion touareg a assuré qu'il s'agissait de ses hommes.
Douze "terroristes" ont été interpellés et du matériel saisi dimanche dans la région de Ménaka, infique dans un communiqué l'armée. Elle assure que la situation sécuritaire dans l'ensemble des secteurs reconnus, y compris Tebesselamane, In-Agar, Chimam et Tin-fadimata restait calme.
"Il ne s'agit pas du tout de terroristes, ni de djihadistes. C'est absolument faux", réagit peu après Mohamed Elmaouloud Ramadane, porte-parole des ex-rebelles touaregs. "Ce sont des militaires de l'ex-rébellion et qui sont intégrés dans l'armée malienne reconstituée. Ils étaient en permission avec des documents signés dans ce sens", ajoute-t-il.
Les indépendantistes touaregs ont signé avec le gouvernement un accord de paix sous l'égide d'Alger en 2015, aujourd'hui mal en point, ce qui fait craindre une reprise des hostilités. Contrairement aux touaregs, les groupes djihadistes ont eux continué le combat contre l'État malien, entraînant le pays dans une profonde crise sécuritaire et politique. Le 22 avril, une attaque de jihadistes présumés dans le centre du pays a tué au moins dix civils et trois soldats et fait 61 blessés.
"En vue d’éviter toute confusion pouvant entraîner des tensions sur le terrain, conformément aux directives des autorités politiques de la transition, et dans l’esprit de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation issu du processus d’Alger (APR), l'État-Major général des armées invite les mouvements signataires à coordonner leurs mouvements avec les Forces armées maliennes", ajoute l'armée dans son communiqué.
Le groupe Etat islamique au Grand Sahara (EIGS) a pris début avril Tidermène, une localité située au nord de Ménaka, dernier épisode de son offensive victorieuse entamée en 2022 contre ses rivaux du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM, ou Jnim selon l'acronyme arabe), affilié à Al-Qaïda, l'armé malienne et des groupes armés locaux à dominante touareg dans la région de Ménaka.
Elle a confirmé la poussée de l'EIGS rapportée depuis des mois dans ces immenses étendues désertiques, au prix d'intenses batailles, de massacre de civils et de déplacements massifs de populations. Tous les principaux cercles (subdivisions administratives) de la région sont à présent sous l'emprise de l'EIGS.
Par ailleurs, l'armée affirme être intervenue le 24 avril dans la zone de Bandiagara, en pays dogon dans le centre du pays, à la suite d'une "alerte d'attaque terroriste", dans un communiqué distinct publié sur sa page Facebook. "29 terroristes neutralisés (tués, ndlr) ont été dénombrés à l'issue des frappes aériennes" tandis que les "rescapés ont été pris en tenailles par les unités terrestres"qui ont procédé à la "neutralisation" de "huit" d'entre eux, selon ce communiqué.
Une autre opération menée également le 25 avril près de la ville de Boni (centre) a permis "de neutraliser trois terroristes" selon l'armée qui "confirme encore une fois de plus l'emploi par les terroristes d'enfants soldats dans les combats de la journée", dans le même communiqué.
Le Mali est dirigé depuis août 2020 par des militaires, qui ont rompu une alliance de longue date avec la France et s'est tournée militairement et politiquement vers la Russie. Début avril, l'ex-rébellion touareg du nord du Mali a déclaré qu'il n'y avait "aucun moyen de construire un avenir commun" avec Bamako, et a annoncé en décembre suspendre sa participation à la mise en œuvre de l'accord de 2015.