Mali : l'arrêt de la Minusma inquiète le chef de l'ONU Antonio Guterres

Le démantèlement de la Minusma se poursuit. Mais le retrait engagé des Casques bleus du Mali pose des risques importants pour la sécurité des civils ou encore la protection des droits humains selon Antonio Guterres. Le Secrétaire général de l'ONU a écrit une lettre au Conseil de sécurité en ce sens. 
 

Image
minusma mopti 2022

Un Casque bleu sénégalais de la Force d'Intervention Rapide (QRF) de la MINUSMA assure la sécurité du convoi sur l’axe allant de Bandiagara à Bankass dans la région de Mopti. 

MINUSMA/Harandane Dicko
Partager 2 minutes de lecture

"Le calendrier, la portée et la complexité du retrait de la Minusma étant sans précédent, un nombre important de risques sécuritaires, politiques et opérationnels devront être surveillés et atténués autant que possible". Ces mots sont ceux d'Antonio Guterres, le secrétaire général de l'ONU.

Jeudi 23 août, dans une lettre adressée aux membres du Conseil de sécurité, le patron de l'ONU fait part de son inquiétude concernant  le retrait engagé des Casques bleus du Mali. 

Selon lui, même avec un "transfert fluide" des tâches de la mission aux autorités maliennes, "la capacité des Nations unies à fournir de l'aide humanitaire, soutenir la protection des civils ou des droits humains sera inévitablement gravement affectée", poursuit-il.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, lors d'une visite au bureau de l'ONU dans la capitale Nairobi, au Kenya, le mercredi 3 mai 2023.

(AP Photo/Khalil Senosi, Fichier)

Regain de tensions

Le départ de la mission crée d'autre part "des opportunités pour des groupes extrémistes violents d'étendre leurs activités, avec des risques de débordement dans les pays voisins".

Le secrétaire général s'inquiète en particulier de "tensions" qui ont émergé, lors du départ des Casques bleus du camp de Ber, dans le nord, entre le gouvernement et la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA, ex-rébellion touareg), forçant l'ONU à anticiper son départ.

"Si ces tensions n'étaient pas résolues, elles pourraient non seulement compliquer le retrait de la Minusma mais également saper encore plus l'accord de cessez-le-feu, avec des implications graves sur la totalité du processus de paix", alerte Antonio Guterres.

Incertitudes pour les droits humains

Sans la Minusma pour les protéger, la présence des humanitaires dans certaines régions, comme Menaka (nord-est), sera "gravement affectée", estime encore Antonio Guterres. Et ce retrait "va probablement créer un vide important en matière de protection et de promotion des droits humains au Mali".

La Minusma applique pourtant la décision prise fin juin par le Conseil de sécurité de l'ONU : mettre un terme immédiat à la mission déployée depuis 2013 dans le pays. Ce démantèlement est conforme à la demande de la junte arrivée au pouvoir par la force en 2020.

Le retrait par la Minusma de quelque 11.600 soldats et 1.500 policiers de dizaines de nationalités et répartis sur 13 camps doit s'échelonner jusqu'au 31 décembre. Le Mali est en proie depuis 2012 à l'expansion djihadiste et à une crise multidimensionnelle profonde. Les violences parties du nord se sont propagées au centre du pays ainsi qu'au Burkina Faso et au Niger voisins.

8.7771893210193, 11.71142578125