Mali : le pouvoir militaire annonce la dissolution de l'association de soutien à l'Imam Dicko

Le gouvernement malien vient d'annoncer la dissolution de l'association de soutien à une influente figure religieuse, l'imam Mahmoud Dicko ce 6 mars. L'imam est l'un des rares à oser exprimer ouvertement ses désaccords avec les militaires au pouvoir.

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L'imam Dicko devant ses partisans

L'iman Mahmoud Dicko devant ses partisans le 28 août 2020. 

AP Photo/Baba Ahmed
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Le texte du Conseil des ministres est sec, sans appel. "La Coordination des Mouvements, Associations et Sympathisants de l'Imam Mahmoud Dicko (CMAS), créée en vue d'œuvrer pour la stabilité et la paix sociales, s'est transformée en un véritable organe politique de déstabilisation et de menace pour la sécurité publique."

Soutien puis opposant aux militaires

L'imam Dicko a été la figure tutélaire d'un mouvement de contestation qui a précédé la chute du président civil Ibrahim Boubacar Keïta, renversé par un coup d'état militaire en 2020. 

Soutien des putschistes à leur début, il a ensuite pris ses distances avec eux, avant de devenir l'une des voix les plus critiques du régime, plaidant pour un retour des civils au pouvoir et s'élevant contre le projet de nouvelle Constitution qui a maintenu le principe de laïcité de l'Etat, finalement adoptée à une écrasante majorité. 

L'Imam Dicko un des rares à s'opposer au pouvoir militaire malien. 

L'iman Mahmoud Dicko est en effet une figure familière du paysage politique malien depuis au moins 20 ans. L'imam est originaire d’une famille de notables de Tombouctou. Il est passé par les écoles coraniques d'Arabie saoudite. Il revient ensuite à Bamako où il prêche dans les années 80. Il est en partie un produit de l'islam saoudien éloigné des préceptes de l'islam local de rite malékite.

Il est passé par les écoles coraniques d’Arabie saoudite. Il prêche ensuite dans une mosquée à Bamako dans les années 1980. L'imam Dicko incarne un courant rigoriste au sein de l'Islam pratiqué au Mali. Son courant prend de fait le contrôle du Haut conseil islamique malien. Chef de ce conseil jusqu'en 2019, il devient un homme influent. Il met fin à la réforme du Code de la famille de 2009 jugé selon lui "contraire à l'Islam". 

Proposer "une autre voie " à celle des militaires.

Le chef religieux est aussi l'un des rares à sembler pouvoir mobiliser dans un contexte de restriction des libertés sous le régime militaire.

Une passe d'arme diplomatique avait éclaté fin décembre entre le Mali et l'Algérie juste après sa réception par le président Abdelmadjid Tebboune à Alger, entraînant le rappel des ambassadeurs respectifs des deux pays. Ses soutiens avaient ensuite dénoncé une "cabale orchestrée" contre lui. 

Selon le communiqué du Conseil des ministres, "le parrain de la CMAS s'adonne clairement à des activités subversives susceptibles de troubler l'ordre public, notamment à travers ses récentes visites à l'extérieur et ses rencontres officielles avec des personnalités de puissances étrangères sur des questions d'intérêt national sans l'autorisation des autorités du Mali".

Par ailleurs, le gouvernement argue que la CMAS "n'a jamais déposé ses rapports d'activités, ni informé l'Administration des changements et modifications intervenus en son sein", ce qui est contraire à ses obligations.

Mi-février, la CMAS avait rejoint une coalition de trente partis et formations d'opposition intitulée "Synergie d'action pour le Mali", afin de proposer "une autre voie" que celle des militaires.