Mali : l'Égypte retire son contingent de la Minusma

L’Égypte va suspendre temporairement la participation de ses soldats à la Mission de l'ONU au Mali (Minusma) à partir du 15 août pour une durée indéterminée, après plusieurs attaques meurtrières contre son contingent.
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Casque bleu devant un bureau de vote à Kidal en juillet 2013
Un casque bleu devant l'entrée d'un bureau de vote à Kidal, le 28 juillet 2013.
© AP Photo/Rebecca Blackwell, File
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La décision égyptienne a été annoncée au lendemain de celle prise par le Mali de suspendre toutes les rotations des contingents militaires et policiers de la Minusma en raison "du contexte de sécurité nationale"
 

Le Caire a "exprimé en début de semaine" au cours d'une réunion de l'ONU à New York, "son inquiétude face à la multiplication des attaques contre ses Casques bleus". "Nous avons été informés qu'en conséquence, le contingent égyptien suspendrait temporairement ses activités au sein de la Minusma", écrit la Mission dans un communiqué transmis à l'AFP, sans préciser la durée de la suspension.

177 casques bleus morts

Sept Casques bleus égyptiens ont été tués au Mali depuis le début de l'année. "L’Égypte a un contingent de 1.035 militaires déployés au Mali sur un total de 12.261 Casques bleus", a précisé un responsable de l’ONU à Bamako. "Il représente l’un des contingents les plus nombreux de la Mission", a-t-il souligné. 

La Minusma -créée en 2013 pour soutenir le processus politique malien- est la mission de maintien de la paix de l'ONU ayant subi le plus de pertes humaines.  ​57 pays participent au contingent de la MINUSMA qui est de 12 261 militaires (et de 1718 policiers.) 
 
Top 10 des pays contributeurs à la MINUSMA (au 1er juillet 2020)

Guinée : 1512 
Tchad : 1456
Bangladesh : 1322
Burkina Faso : 1322
Égypte : 1048
Sénégal : 999
Togo : 932
Niger : 867
Côte d’Ivoire : 816
Allemagne : 429 (et 300 supplémentaires depuis le départ de la France)
Au total, 177 de ses Casques bleus sont morts dans des actes hostiles, dont dix depuis janvier, auquel il faut rajouter un soldat sénégalais, qui a perdu la vie le 11 juillet dernier lors d’un accident de la circulation dans la région de Mopti.
 

Il faut également compter 426 blessés graves.

(RE)voir : Mali : recrudescence des violences dans la région de Ménaka
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La dernière attaque meurtrière contre le contingent égyptien a eu lieu le 5 juillet près de Gao, principale ville dans le nord du Mali, où deux Casques bleus égyptiens ont été tués et cinq autres grièvement blessés.

Le départ de Barkhane

Le départ annoncé de l’opération militaire française Barkhane du Mali, qui doit s’achever dans les prochaines semaines, ainsi que la situation politique tumultueuse du pays sahélien ont soulevé des craintes ces derniers mois que des contingents quittent la mission.

(RE)lire : Retrait français au Mali : quel impact sur les pays voisins ?

L’Allemagne a notamment envisagé de retirer ses troupes de la Minusma au printemps. Berlin avait finalement annoncé en mai renforcer de 300 soldats son contingent onusien pour compenser le départ français.

D’autres pays occidentaux ont entrepris en 2022 de réexaminer leur participation à la mission. 

"Certains contingents étaient présents au Mali parce que Barkhane était là", déclarait en février à l’AFP Ornella Moderan, chercheuse à l’Institut d’études de sécurité (ISS). "Avec le départ des soldats français, est-ce que les Allemands, les Anglais ou les Suédois resteront ?" s’interrogeait-elle à cette époque.

Prolongation de la mission

Le Conseil de sécurité de l'ONU a prolongé le 29 juin la mission de la Minusma d'un an, malgré l'"opposition ferme" du Mali à la liberté de mouvement des Casques bleus pour des investigations liées aux droits de l'homme.

(RE)lire : Minusma au Mali : quelles sont les raisons de la prolongation de la mission de l'ONU ?

"Ces entraves à la Mission de l’ONU au Mali, dont le renouvellement a été contesté, qui interviennent à un moment critique où le soutien français ne sera bientôt plus possible, vont forcément faire se poser la question à plusieurs pays contributeurs de leur engagement", a déclaré à l’AFP un diplomate occidental dont le pays participe à la mission, sous couvert d’anonymat.

L'opposition du gouvernement malien

Le Mali a été le théâtre de deux coups d'État militaires en août 2020 et en mai 2021. La crise politique va de pair avec une grave crise sécuritaire en cours depuis 2012 et le déclenchement d'insurrections indépendantiste et djihadiste dans le nord.

Le pays est dirigé par une junte qui s'est détournée de la France et de ses partenaires, et s'est tournée vers la Russie pour tenter d'endiguer la propagation djihadiste qui a gagné le centre ainsi que le Burkina Faso et le Niger voisins.

Ces violences ont fait des milliers de morts civils et militaires ainsi que des centaines de milliers de déplacés.

(RE)lire : Massacres de civils au Mali : la situation sécuritaire s’est-elle dégradée depuis la fin de l’opération Barkhane ?