Fil d'Ariane
L'ex-rébellion touareg du nord du Mali fait quitter la capitale à tous ses représentants, creusant encore davantage le fossé avec les autorités de transition. Elles sont accusées par l'ex-rébellion d'agir contre l'accord de paix de 2015.
Des soldats touaregs à Kidal.
L'ex-rébellion touareg quitte la capitale du Mali. Attaye Ag Mohamed, chef de la délégation de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) à Bamako, indique être le dernier à avoir quitté la capitale ce 10 août sur instruction de l'organisation. "Notre direction estime que nous ne sommes plus en sécurité dans la capitale et que les raisons de notre présence au nom de la CMA sont entièrement compromises", dit Attaye Ag Mohamed.
La CMA, alliance de groupes indépendantistes et autonomistes à dominante touareg entrés en rébellion contre l'État malien dans le nord en 2012, est l'une des parties à l'accord de paix d'Alger signé en 2015 avec le gouvernement malien. La mise en oeuvre de cet accord est jugée primordiale par les partenaires étrangers alors que les djihadistes continuent, eux, de combattre l'Etat sous la bannière d'Al-Qaïda ou de l'organisation Etat islamique et que le pays reste plongé dans une profonde crise.
Le départ des représentants de la CMA de Bamako constitue une nouvelle étape dans la dégradation des relations entre les anciens rebelles et le gouvernement depuis que des colonels ont pris le pouvoir en 2020. Cette détérioration fait craindre pour l'accord, mal en point depuis des années. La CMA reproche aux autorités de transition d'avoir fait approuver en juin une nouvelle Constitution compromettant l'accord d'Alger, selon Attaye Ag Mohamed, chef de la délégation de l'ex-rébellion.
La CMA contrôle de vastes étendues dans le nord. Elle accuse les autorités de transition de chercher à y prendre le contrôle des bases que la mission de l'ONU (Minusma) s'apprête à quitter. Une telle mainmise irait à l'encontre des termes du cessez-le-feu conclu en 2014, a-t-il dit.
Les autorités de transition ont poussé le Conseil de sécurité à décider en juin du retrait de la Minusma d'ici à la fin de l'année. L'ex-rébellion impute aussi à l'armée malienne et au groupe paramilitaire russe Wagner une attaque dans laquelle deux de ses hommes ont été tués la semaine passée. Cette attaque est une "provocation de trop", a dit Attaye Ag Mohamed.
L'insoumission à l'autorité centrale dans le nord est un sujet majeur d'irritation pour les autorités de transition. Celles-ci font de la souveraineté leur mantra depuis qu'elles ont pris la tête du pays par la force, rompu l'alliance avec la France et ses partenaires contre le djihadisme et se sont tournée militairement et politiquement vers la Russie.