Fil d'Ariane
Le Mali et la Cédéao peuvent-ils trouver un compromis ? C’est en tout cas ce qu’espère l’Organisation de la coopération islamique (OCI). Le 10 mai, Nassirou Bako-Arifari, envoyé spécial pour l’Afrique de l’OCI, est reçu par le colonel Assimi Goïta, président de la transition au Mali.
Au cours de cette rencontre, il transmet au colonel un message du secrétaire général de l’OCI. La coopération affirme qu’elle « considère le Mali comme un État pivot, essentiel à l’Islam, à la stabilité et à la sécurité au Sahel et dans l’ensemble de l’espace Cédéao. » À travers ce message, l’OCI montre sa volonté de voir une meilleure coopération entre le Mali et les autres pays de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao).
« Nous avons été envoyés dans la sous-région pour faire un plaidoyer en faveur d’un compromis respectable de la dignité et la souveraineté du peuple malien, rapporte Nassirou Bako-Arifari à la sortie de son entretien avec le colonel Goïta, mais aussi de la nécessité de permettre à l’organisation sous-régionale de sortir par le haut. » En d’autres mots, il espère pouvoir permettre aux deux partis d’avoir un dialogue plus apaisé.
En août 2020, les militaires s’emparent du pouvoir au Mali avec un coût d’État. Depuis, la Cédéao plaide pour l’organisation rapide d’élections afin de rendre le pouvoir au peuple malien.
Cependant, la junte militaire maintient ses positions. Le mois dernier, le Premier ministre malien Choguel Maïga annonce que la transition est prolongée de deux ans. Et ce même si le pays est sous le coup de sanctions économiques et financières de la Cédéao depuis des mois.
L’ancien ministre béninois des Affaires étrangères effectue une tournée en Afrique de l’Ouest. « L’objectif est de rapprocher les positions des États membres de la Cédéao, explique Nassirou Bako-Arifari au média francophone RFI, entre eux d’abord, puis avec le Mali. » Cependant, il n’est pas le premier à tenter d’ouvrir la voie vers un dialogue plus apaisé entre le Mali et la Cédéao.
Une semaine avant l’OCI, une délégation malienne, conduite par le ministre des Affaires étrangères Abdoulaye Diop, se rend à Lomé pour discuter avec les autorités togolaises.
La délégation a demandé au Togo de se positionner comme médiateur dans les discussions entre le Mali et la Cédéao. Cependant, le pays est réputé proche des autorités militaires maliennes. Robert Dussey, le chef de la diplomatie togolaise, affiche même des liens avec le colonel Goïta, affirme RFI.
De son côté, la Cédéao avait aussi mandaté un médiateur : l’ex-président nigérian Goodluck Jonathan. Dès le début des discussions, il exerce ce rôle pour « aider à trouver des solutions. » Malgré ses nombreuses visites à Bamako pour tenter de trouver un compromis, il se heurte à un mur. Au mois de mars, il tente de faire plier la junte et de leur faire organiser des élections dans un délai de 12 à 16 mois, ce que la junte a refusé.
Le Togo n’est pas le seul pays à s’être positionné comme médiateur. Au mois de janvier, l’Algérie, avec le soutien de l’Union africaine, avait proposé ses services. Cependant, cette proposition n’a jamais été mise en œuvre. En octobre 2021, une délégation du Conseil de sécurité des Nations unies rencontre les autorités militaires maliennes, pour insister sur le respect du calendrier électoral. Malgré tous ces avertissements, la junte militaire refuse de céder.