De nombreux membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont souligné ce 27 janvier l'impossibilité d'un "statu quo" pour la mission de maintien de la paix au Mali dont la position est "intenable" au vu de l'aggravation de la situation sécuritaire. La présence du groupe de mercenaires russes Wagner a également été évoquée.
Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se prononcer en juin sur un renouvellement de la Minusma. Ce 27 janvier, il a étudié un rapport du Secrétaire général Antonio Guterres soulignant que la poursuite de la mission dans sa forme actuelle est
"intenable" sans une augmentation du nombre de Casques bleus. Ce même
rapport évoque un retrait des troupes si des conditions clés ne sont pas remplies.
"Le statu quoi n'est pas un option"
"Les prochains mois seront décisifs pour le futur de la Minusma. Comme le souligne le Secrétaire général, le statu quo n'est pas une option", a déclaré l'ambassadrice française adjointe Nathalie Broadhurst, estimant que l'avenir de la Minusma dépend d'
"engagements clairs" et de
"gestes concrets" de la junte malienne.
Le chef de la Minusma El-Ghassim Wane s'est inquiété du retrait des contigents des différentes nations participant au dispositif rappelant qu'ils représentent 17% des troupes actuellement déployées sur le terrain dans le cadre de la mission.
L'obstacle des forces Wagner
Aminata Cheick Dicko, membre de la société civile malienne a souligné la présence
"de partenaires militaire russes aux côtés de l'armée malienne dont la bravoure est à saluer mais qui est loin de faciliter les choses. Ces acteurs sont impliqués dans des violations graves des droits de l'homme et du droit international humanitaire."(RE)lire : Mali : le Royaume-Uni retire son contingent de la MINUSMALa représentante de la France aux Nations unies Estelle Feriaud a souligné le problème que représente la présence de la force Wagner au Mali.
"Cette présence est connue de tous et reconnue même par les autorités russes. Cette présence se traduit par des exactions régulières contre les populations civiles maliennes et par des entraves croissantes à la Minusma. Cela n'est pas acceptable."(RE)voir : Mali : le collectif "All eyes on Wagner" publie son rapport
L'ONU dénonce notamment les entraves imposées à la liberté de mouvement des Casques bleus, un élément clé pour plusieurs membres du Conseil à la poursuite de la mission qui compte aujourd'hui plus de 12.000 militaires et 1.500 policiers.
Une "organisation criminelle"
"La poursuite des entraves au mandat et les violations flagrantes de l'accord sur le statut des forces, contraint ce Conseil à réexaminer avec sérieux son soutien à la Minusma dans sa forme actuelle", a déclaré l'ambassadeur américain adjoint Richard Mills qui a également évoqué le rôle de la force Wagner la qualifiant
"d'organisation criminelle".
Lire : Wagner classée comme organisation criminelle : quelles répercussions pour le groupe paramilitaire russe ?La Minusma a été créée en 2013 pour aider à stabiliser un État menacé d'effondrement sous la poussée djihadiste, protéger les civils, contribuer à l'effort de paix, défendre les droits humains...
Mais la situation sécuritaire n'a cessé de s'aggraver et la Minusma, privée désormais du soutien d'opérations étrangères, notamment de la France qui s'est retirée du pays en août dernier, a été mise
"à rude épreuve", constate le
rapport du secrétaire général, qui présente plusieurs options pour y remédier.
Un retrait total envisagé
La première, conditionnée à des progrès dans la transition politique et la liberté de mouvement des Casques bleus, serait de lui donner les moyens d'assurer pleinement son mandat en augmentant les effectifs militaires et policiers autorisés (15.200 aujourd'hui) de 3.680 personnes, ou de 2.000 dans une version plus modeste.
Option inverse, si les paramètres clés ne sont pas remplis, un retrait total des troupes est envisagé, avec une transformation en mission politique.
Ces propositions
"ne prennent pas en compte les attentes légitimes du peuple malien qui sont avant tout d'ordre sécuritaire", a dénoncé le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop devant le Conseil.
Une approche "néo colonialiste"
Un regret auquel ont fait écho la Chine et la Russie.
"La position du pays hôte étant une priorité majeure, nous estimons que les consultations doivent se poursuivre", a insisté l'ambassadeur russe Vassili Nebenzia, dénonçant l'approche
"néo colonialiste" des Occidentaux.
Il a également souligné que le retrait
"précipité" des unités européennes et françaises du Mali ont créé un appel d'air
"pour l'État islamique dans le Grand Sahara et d'autres groupes islamistes affiliés à Al Quaida qui continuent d'effectuer des raids contre les populations civiles, l'armée malienne et les corps de maintien de la paix de l'ONU."