Mali : l'Union européenne s'interroge sur sa présence militaire, l'ONU veut un calendrier électoral

L'Union européenne souhaite poursuivre ses missions militaires de formation au Mali mais "pas à n'importe quel prix", averti le 13 janvier le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, alors que la junte malienne refuse d'organiser rapidement des élections pour rendre le pouvoir aux civils. L'ONU réclame un calendrier électoral.
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Les ministres européens de la défense se sont réunis à Brest en France. Ils conditionnent la présence de soldats de l'Union européenne au Mali à la question de la transition du pouvoir aux civils dans le pays.
AP Photo/Thibault Camus
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"Nous voulons rester engagés au Mali mais ça ne doit pas se faire à quel n'importe quel prix.", Le ton de Joseph Borell est ferme. Les ministres de la Défense de l'UE se réunissent à Brest (ouest de la France) ce 13 janvier dans le cadre de la présidence française de l'Union européenne.

"Pour l'instant nos missions de formation et de conseil aux forces armées et de sécurité intérieures maliennes vont continuer" par le biais de l'EUTM, "mais on a déjà suspendu l'aide budgétaire aux autorités maliennes à partir du moment où on a su que les élections n'allaient pas avoir lieu", a rappelé le chef de la diplomatie européenne.


Les autorités maliennes sont dans une logique de fuite en avant pour se maintenir au pouvoir à tout prix.

Florence Parly, ministre française de la défense.

"Malgré tous les avertissements aux autorités maliennes, nous ne voyons aucun signe de progrès", a déploré Josep Borrell.

"Nous allons suivre de près la situation et prendre des mesures (...) dans la même ligne" que les lourdes sanctions par les dirigeants ouest-africains réunis au sein de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao)", a-t-il commenté. Le chef de la diplomatie européenne a ainsi confirmé la préparation de sanctions européennes contre la junte malienne. C'est ce qu'avait annoncé le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.

Vers des sanctions de l'Union européenne ?


Mi-décembre, l'Union européenne a suspendu temporairement sa mission de formation des forces armées centrafricaines, en raison du "contrôle exercé par les mercenaires de la société Wagner", que les Européens accusent désormais de s'implanter au Mali pour soutenir la junte.

Lire : qui sont les soutiens de la junte militaire au Mali ?

"Nous discutons (...) dans quelles conditions cette lutte contre le terrorisme pour laquelle nous sommes mobilisés peut se poursuivre", a renchéri la ministre française des Armées, Florence Parly, présente aux côtés de M. Borrell, en estimant "urgent que la transition politique soit menée à son terme".

La France, militairement présente au Mali depuis neuf ans pour lutter contre les djihadistes, est en train d'y réduire ses effectifs tout en maintenant des troupes dans le nord du Mali à Gao, Ménaka et Gossi.

Lire : Mali : des sanctions « très dures » adoptées par la Cédéao

Toutefois, "cette coopération n'a de sens que si elle s'intègre dans un cadre plus global (...) avec des réformes de fond notamment sur la gouvernance. Ce travail-là n'est possible qu'avec des autorités légitimes", a ajouté Florence Parly en évitant de se prononcer sur le maintien ou non des forces françaises. "La question de la légitimité est posée. Cette juntes est arrivée au pouvoir après deux coups d'État", note la ministre française de la défense. "Ce sont des autorités qui sont dans une logique de fuite en avant pour se maintenir au pouvoir à tout prix", ajoute Florence Parly.

L'ONU veut un calendrier électoral

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a réclamé le 13 janvier au gouvernement malien "un calendrier électoral acceptable", à la veille de manifestations dans le pays, à l'appel de la junte au pouvoir, pour dénoncer les sanctions récentes prises par la Cédéao.


"Il est absolument essentiel que le gouvernement malien présente un calendrier acceptable du point de vue des élections", a déclaré le chef de l'ONU lors d'une rencontre avec des journalistes. Il a précisé espérer "entrer en contact rapidement avec le gouvernement malien".