Lettre ouverte
Ce qui est reproché à Bakoury Daou, c'est la publication en une de son journal, d'une
lettre ouverte de soldats maliens au président de la République par intérim Dioncounda Traoré. "Monsieur le Président, nous avons appris, pendant que nous mourons, nous, dans le grand désert, que le capitaine Sanogo, pour avoir fait un coup d'Etat, et mis le pays dans la situation que nous connaissons, doit bénéficier d'un salaire de quatre millions [plus de 6000 euros par mois - ndlr]" écrit un certain "capitaine Touré". Le signataire conclut sa lettre par un ultimatum : "Si cette décision n'était pas annulée, dans les deux semaines suivantes, nous cesserons, nous, c'est-à-dire mes éléments et moi, de combattre et nous sommes prêts à en subir toutes les conséquences". Les militaires reprochent au président Traoré son décret du 13 février 2013, investissant le capitaine Amadou Haya Sanogo à la tête d'un Comité de réforme de l'armée. Le capitaine Sanogo, auteur du coup d'Etat du 22 mars 2012 qui déposa le président Amadou Toumani Touré, s'était fait discret depuis le début de l'intervention française au Mali mais
restait au centre du jeu. Sa nomination est venue confirmer les fonctions qu'il occupait en réalité depuis août 2012. "Tant d'honneurs pour ce petit capitaine de 40 ans qui depuis dix mois fait tout pour torpiller la transition politique et diviser l'armée" écrit le journaliste Christophe Châtelot dans Le Monde daté du 14 février 2013. Le 8 février 2013, seulement quelques jours avant sa nomination, les "bérets verts" du capitaine Sanogo
attaquaient le camp des "bérets rouges" de Djicoroni, l'ancienne garde présidentielle d'élite du président en exil Amadou Toumani Touré. "Ils tirent sur nos femmes et nos enfants" déclaraient alors des membres des bérets rouges, qui avaient déjà subit une vague d'arrestations et de torture en avril 2012,
dénoncées par Amnesty International.