Le 2 novembre 2013 en fin d'après-midi, la nouvelle tombe. Deux journalistes de Radio France Internationale (RFI), ont été enlevés à Kidal, dans le Nord du Mali, puis assassinés à une douzaine de kilomètres de là. Pourquoi ? Comment ? Personne n'a alors la réponse.
Depuis, des scénarios du drame se dessinent. Ghislaine Dupont, journaliste, 57 ans, et Claudon Verlon, technicien, 55 ans, ont été enlevés par quatre hommes peu après 13 heures, alors qu'ils venaient d'interviewer un responsable du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), Ambeiry Ag Ghissa. Un témoin, cité par le procureur de la République à Paris François Molins, relate que l'un des terroristes "aurait, sans être obéi, intimé l'ordre à l'un de ses comparses, qu'il appelait al Hassan, d'enlever également" Ambeiry Ag Ghissa.
Les deux journalistes tentent de résister lorsqu'ils sont embarqués dans un pick-up, qui s'ébranle vers l'est de Kidal.
Selon un chef rebelle touareg interrogé par Le Monde, Ambeiry Ag Ghissa prévient un chef militaire du MNLA, Hassan Fagaga, qui appelle à son tour la force française Serval. Les membres du MNLA ne partent pas à la poursuite des preneurs d'otage. La force Serval leur aurait répondu : "Ne bougez pas". Vers 14 heures, un détachement français quitte Kidal à la poursuite des ravisseurs.
Puis c'est la panne. Le véhicule emportant les deux journalistes est contraint de s'arrêter. Selon le procureur François Molins, deux hypothèses permettraient d'expliquer la fin tragique de l'enlèvement. Les deux otages ont pu profiter de cet arrêt forcé pour s'enfuir, et être abattus. Les deux corps ont été retrouvés à une quarantaine de mètres du véhicule, moins de deux heures après l'enlèvement, criblés de trois balles pour Ghislaine Dupont, et sept pour Claude Verlon, dont aucune tirée à bout touchant. Aucune des deux victimes n'était entravée. Deuxième hypothèse : leurs kidnappeurs aurait été apeurés à l'idée de fuir à pied accompagnés d'otages. Ils auraient décidé de les exécuter, plutôt que de les laisser derrière eux.